Comment réchauffer l’ambiance tout en profitant de sa fragrance favorite ? Grâce aux bougies parfumées ! Mais à votre avis, comment fait-on pour parfumer des bougies ? On ne se pose pas forcément la question, pourtant cela nécessite un long travail d’adaptation. Pour que l’odeur libérée par votre bougie reproduise fidèlement les notes de votre parfum, la formule doit subir quelques changements. Car entre vaporisation et combustion, les propriétés olfactives changent…
Après l’interview inspirée de Claire, notre ancien Nez, nous donnons cette fois la parole à un parfumeur tout aussi talentueux ! Laurent a travaillé sur la déclinaison des parfums, et notamment celui de vanille, pour les nouvelles bougies parfumées qui agrandissent désormais notre Collection de parfums d’intérieur.
Notre interview parfumée
Laurent vous entraîne dans son laboratoire pour vous expliquer comment parfumer des bougies en jonglant entre matières premières et molécules odorantes, et vous permettre de vous prélasser dans votre canapé pendant de longues siestes parfumées !
Carrément Belle : comment décline-t-on la formule d’un parfum de peau en parfum à brûler ?
Laurent : Le but du jeu lorsque l’on passe d’un parfum de peau à une bougie (ou à tout autre support), c’est de garder le maximum de fidélité à la note initiale, tout en ayant une bonne performance et une bonne stabilité dans la cire.
Pour cela, des substitutions de matières premières et/ou des modifications de dosages sont nécessaires. Car les produits que nous utilisons n’ont souvent pas le même rendu dans l’alcool et dans la cire ! Parfois certaines matières présentent également une instabilité selon la base dans laquelle on l’utilise. L’odeur ou la couleur peut évoluer sans que l’on puisse le contrôler. Nous remplaçons donc certaines molécules présentes dans le parfum alcoolique par d’autres possédant une odeur proche, mais performantes et stables dans la bougie. Nous augmentons le dosage de certaines autres, car il en faut plus pour obtenir le même rendu olfactif que dans le parfum initial, la cire étant plus séquestrante que l’alcool.
Notre but est de garder l’équilibre entre les différents blocs olfactifs. Nous devons également garder à l’esprit que la note libérée lorsque la bougie brûle est très proche de la note sur la cire froide. La sélection des matières premières se fera donc également en fonction de ce critère. Effectivement, certaines d’entre elles n’ont pas non plus le même rendement à chaud et à froid. Dans ce cas, des combinaisons de molécules seront utilisées pour garder la linéarité de la note. Ainsi, les équilibres du parfum sont respectés et l’odeur, la puissance et la stabilité sont optimisées dans la bougie !
De la peau aux bougies, il n’y a qu’un nez, mais le parfum est-il vraiment le même ?
L’odeur est quasiment la même oui, mais pour parfumer des bougies, la formule elle, est bien différente !
Avez-vous l’habitude de créer des fragrances destinées à des bougies ?
Oui, je travaille à parfumer des bougies depuis environ 20 ans !
La cire aura-t-elle un impact olfactif sur la formule que vous allez créer ?
Les différents types de cires ont un impact sur le rendu et la diffusion de la note. Il existe des cires minérales, végétales ou mixtes et le parfum sera formulé en tenant compte du rendu des matières premières sur chacune d’entre elles.
En quoi consiste le travail d’adaptation des matières premières ?
C’est un travail de remplacement et de dosage : le parfumeur connaît le comportement olfactif et physico-chimique de chaque matière première dans les différentes bases qu’il travaille.
Combien de temps faut-il pour créer/adapter un parfum en bougie ?
C’est très variable ! Pour une adaptation, ça va dépendre de la note alcoolique initiale, car plus la formule sera complexe, plus il faudra d’essais pour mettre au point la même note en bougie.
Pour une création, cela va dépendre de l’idée directrice qu’a le parfumeur pour répondre à la demande du client. En effet, plus cette idée sera claire, plus la mise au point technique sera rapide. Il est plus facile de formuler quand on sait précisément où l’on veut aller !
Comment prévoir la réaction des ingrédients face à la chaleur ?
On ne peut pas la prévoir, ce sont les tests unitaires de matières premières ainsi que l’expérience qui vont nous le dire. L’empirisme est dans ce cas une science !
Le parfum va-t-il avoir des propriétés olfactives différentes lors de la combustion ?
Oui, une matière première va se comporter différemment lorsqu’elle brûle, et nous devons appréhender la note à froid et la note à chaud pour garder la linéarité du parfum. D’où l’importance de tester le plus grand nombre possible de molécules ou de produits naturels seuls dans la base.
Parlez-nous de vanille, le dernier parfum de notre collection que vous avez décliné en bougie !
Il s’agit d’une vanille gourmande, caramélisée façon crème brulée saupoudrée d’amandes, de noix de coco et de fève tonka. C’est un parfum addictif idéal pour la saison automne-hiver !
Parfum de peau, bougie, encens… Il existe différentes façons de se parfumer : quelle est votre préférée ?
J’aime assez les parfums d’ambiance, plutôt boisés et confortables, que ce soit sur support bougie ou capilla. En ce qui concerne les parfums de peau, je ne peux pas être parfumé pendant mon travail, donc j’en profite un peu plus le week-end ou lors de soirées.
Si vous deviez choisir une de nos bougies pour Noël, ce serait laquelle : ippi patchouli, ïōdé, so ou vanille ?
Certainement ippi patchouli car j’affectionne particulièrement sa note boisée, terreuse et résineuse !
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