Existe-t-il vraiment des bonnes et des mauvaises odeurs ?

Entre bonnes et mauvaises odeurs, notre nez est sollicité toute la journée. Mais pourquoi certaines odeurs nous dérangent plus que d'autres ?

Nous avons pour habitude de vous parler de parfums agréables, qui ravivent des émotions positives. Senteurs fleuries, parfums d’épices ou odeurs gourmandes participent à émoustiller vos sens et à vous procurer une expérience sensorielle positive. Mais dans notre quotidien, bon nombre d’odeurs « ne sentent pas la rose », comme ce collègue de bureau que vous ne pouvez « pas sentir » ou le parfum de friture d’un snack qui dérange vos narines… Après le bruit, les mauvaises odeurs figurent sur la deuxième marche du podium des pires nuisances. Mais existent-ils des bonnes et des mauvaises odeurs et comment notre nez et notre cerveau les distinguent ?

Votre nez, ce héros

Nous avons déjà évoqué le pouvoir de la mémoire olfactive, la perception sensorielle la plus puissante et la plus ancienne. Grâce à une organisation savante entre le nez et le cerveau, nous sommes capables d’emmagasiner un nombre considérable d’odeurs reliées à des souvenirs, pour la plupart positifs. Il faut savoir que notre nez est sollicité de façon continue : nous brassons environ 12m3 d’air en moyenne par jour, ce qui équivaut à plus de 23 000 respirations pour un être humain. De quoi être exposé à tout un tas de senteurs différentes ! Les capteurs de notre nez ont donc la capacité de détecter chaque jour un nombre très important d’odeurs. Selon une étude de la revue Science, l’Homme pourrait déceler et analyser plus de 1 000 milliards d’odeurs différentes.

Bonnes ou mauvaises odeurs : un sens inné…

Les goûts et les couleurs, on le sait, ça ne se discute pas ! Mais est-ce la même chose pour les odeurs ? Comment certains affirment adorer l’odeur de l’essence et d’autres la détester ? Pourquoi la perception d’une même odeur varie entre deux personnes constituées de la même façon ? L’explication relève avant tout de la science mais surtout de la génétique. Chaque individu est « équipé » d’environ 400 récepteurs olfactifs dont la fonction est d’activer les neurones pour envoyer l’information au cerveau. Mais plusieurs études démontrent que 30% de ces récepteurs sont différents d’une personne à une autre. Et chaque capteur peut altérer notre perception des odeurs pour la changer de façon radicale. Un parfum peut donc être délicieux pour quelqu’un et insupportable pour son voisin.

C’est aussi pour cela que nous ne détectons pas les odeurs avec la même intensité. Notre nez va évaluer un parfum selon sa concentration. Certains seront sensibles à un niveau de concentration très faible tandis que d’autres ne commenceront à sentir qu’à partir d’un niveau d’intensité beaucoup plus élevé.

… mais une interprétation purement culturelle

Mais pour savoir si une odeur est perçue comme agréable ou pas, ce n’est plus la génétique qui entre en scène mais bel et bien notre interprétation personnelle. À priori, il n’existe pas de distinction, en tout cas scientifique, entre une bonne ou une mauvaise odeur. Le jugement que nous portons est tout simplement culturel !

À la naissance, un bébé n’a pas d’appréciation positive ou négative. Mais en grandissant, selon son éducation et son apprentissage, il apprend que les fleurs et le linge propre sentent bon tandis que les excréments sentent mauvais. L’enfant construit petit à petit ses propres analogies avec des odeurs référentes. Ces références varient d’un pays à un autre et peuvent être opposées selon les cultures et les traditions. En France, on dit que plus un fromage « sent » plus il sera bon. Pour les thaïlandais, l’odeur du fromage est insupportable alors qu’ils se délectent de plats à base de poissons fermentés, dont le parfum fait frémir les Occidentaux non-initiés !

L’interprétation d’une odeur est aussi due en partie au contexte dans laquelle elle est sentie. Restons sur la métaphore fromagère : si vous aimez le fromage de chèvre, il y a de fortes chances que vous appréciez l’acide isovalérique, une des notes dominantes de ce met. Cette molécule est exactement la même que celle… de la transpiration des pieds (si vous comptiez passer à table, désolé pour cette image !). Dans ce cas-là, la molécule est perçue de façon complètement différente car le contexte est moins positif.

Des odeurs qui pourraient bien vous surprendre !

Bonnes ou mauvaises odeurs, comment notre cerveau fait la différence ?

Attention, après ce paragraphe vous ne sentirez plus certaines odeurs de la même façon ! Car il existe des senteurs qui, selon leur concentration, peuvent être aussi infectes que plaisantes. C’est le cas par exemple de la civette ou du musc, ingrédients d’origine animale, reproduits aujourd’hui grâce à la synthèse. Senties à l’état brut, ces matières premières possèdent une odeur très forte et pas vraiment agréable qui évoque la matière fécale. Mais une fois diluées, elles dévoilent un parfum sensuel et envoûtant. D’ailleurs, dans les excréments, on retrouve plusieurs composés chimiques dont le parfum est loin d’être aussi dégoûtant que vous l’imaginez, et qui sont utilisés dans de nombreuses fragrances. Le scatole et l’indole sont naturellement présents dans la matière fécale. Mais pourtant, à faible dose, le scatole évoque une odeur de fleur d’oranger et l’indole est utilisé pour reproduire synthétiquement l’odeur du jasmin !

Pour en savoir encore plus sur ces notes « off », le parfumeur David Moltz en parle dans une interview accordée au New York Magazine, à lire ici.

Certains solvants possèdent quant à eux une odeur plutôt séduisante. L’acétone, l’éther, la colle ou encore les bombes de peinture peuvent dégager des parfums fleuris ou fruités. Mais pour une fois, ne nous laissons pas guider par notre nez, et attention à ces substances particulièrement toxiques. C’est d’ailleurs aussi pour cela que certaines senteurs agissent sur notre cerveau comme de véritables drogues, avec des effets similaires : accélération du rythme cardiaque, hallucinations olfactives… Mais nous en reparlerons dans un futur article !

Quelles sont les odeurs qui vous irritent le plus ?


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5 Comments

  • Solal Maillard dit :

    Merci beaucoup pour cette explication !
    Simple question, comment expliquer le fait que lors d’une visite de ferme, l’odeur rencontrée à certain moments m’était si insupportable que j’étais sur le point de vomir. Pourtant je ne connaissais pas cette odeur et elle devait sûrement provenir du foin
    Merci !

    • Bonjour Solal et merci pour votre commentaire.
      Le nez et le cerveau recèlent encore beaucoup de mystères et notre relation aux odeurs reste complexe. Peut-être que certaines molécules odorantes dégagées par cette odeur si nauséabonde étaient identiques avec celles d’autres senteurs que votre cerveau avait déjà enregistrées comme particulièrement désagréables. Du coup votre mémoire olfactive a tilté et votre estomac s’est un peu retourné… !

      À bientôt pour des expériences olfactives plus positives, on l’espère !

  • Ruth dit :

    Bonjour, j’ai un odorat hyper développé pour quasiment toutes sortes d’odeurs (gaz butane propane, mais aussi l’urine, la transpiration ou les flatulences, même les escarres). Naturellement les parfums et meme certains sont très gênants. C’est un grand problème pour moi ; comment puis-je y remédier car certaines fois je suis très gêné par exemple si je vais chez quelqu’un qui a un chien, son odeur me dérange. Une personne âgée qui a des incontinences idem. Merci pour votre solution. Quand je travaillais en Ehpad je mettais dans le masque du baume de tigre pour couvrir l’odeur.

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