Le parfum est un art ancestral dont l’évolution est plutôt lente malgré de grandes avancées techniques comme l’apparition de la synthèse à la fin du XIXème siècle. Mais depuis, les choses n’ont pas beaucoup changé. Grâce aux progrès technologiques et à la créativité exacerbée des parfumeurs, les lignes sont peu à peu en train de bouger. La digitalisation de nos modes de vie et la tendance à vouloir un parfum de plus en plus confidentiel se font également sentir dans les processus de fabrication du parfum. Alors quelles seront les odeurs de demain ? Sera-t-il bientôt possible de sentir une fragrance derrière son écran d’ordinateur ? Ou pourra-t-on créer un parfum adapté à notre ADN ? Nous décryptons ensemble les codes du parfum du futur.
Les odeurs de demain
Un parfum c’est avant tout une odeur, une composition à laquelle on s’identifie pour qu’elle nous colle à la peau. Depuis ces dernières décennies, les tendances des notes parfumées ont évolué : senteurs lourdes et animales, parfums frais ou encore gourmands, retour au naturel… Les envies de nos nez changent et permettent aux parfumeurs de mettre en œuvre tout leur savoir-faire. Mais qu’en sera-t-il dans quelques années ?
La recherche de nouvelles molécules
Chaque année, les sociétés mondiales de composition investissement une partie de leur chiffre d’affaires dans la recherche et le développement de nouvelles molécules odorantes. Une fois élaborés, ces matériaux synthétiques seront mis à la vente et se retrouveront finalement au cœur des compositions de vos futurs parfums. Mais le chemin entre le laboratoire et le flacon est long ! En un an, les chercheurs de ces sociétés développent entre 500 et 3000 molécules. Mais six ans plus tard, seules 4 à 5 d’entre elles feront partie de la palette des parfumeurs suite à une batterie de tests et d’évaluations. Donner vie à une nouvelle molécule n’est donc pas une mince affaire.
La chimie verte au service du parfum du futur
L’industrie de la parfumerie se perfectionne d’année en année. De plus en plus, la volonté est de réduire l’impact écologique de la création du parfum tout en minimisant les déchets produits et en utilisant moins d’énergie. Le parfum du futur sera, et commence déjà à être, plus respectueux de l’environnement. Les sociétés de composition se tournent vers les biotechnologies pour travailler sur de nouveaux axes. L’objet de ces recherches consiste à intégrer des composés inodores dans la formule d’une fragrance pour lui assurer une parfaite biodégradabilité dans l’air. Pour cela, les chimistes créent des molécules par fermentation en utilisant des micro-organismes ou encore des enzymes, qui sont des protéines naturelles. Des recherches sur le patchouli et sur des nouveaux muscs d’origine naturelle pourraient encore chambouler la formulation du parfum du futur.
Quand la technologie met son nez dans le parfum
Big data et intelligence artificielle
L’essor de l’intelligence artificielle (IA) et du Big Data touche aussi l’industrie de la parfumerie pour la plonger dans le futur. Jusqu’alors, le processus de création d’un parfum reste assez artisanal. Les nez sont formés grâce à un long apprentissage mais aussi grâce à une multitude d’expériences olfactives, de souvenirs et de sensibilité. L’idée est donc de combiner la connaissance d’un ingrédient avec une émotion et une idée créative. Alors comment l’IA peut-elle s’immiscer dans ce procédé ?
À la demande de l’entreprise allemande Symrise, la société informatique IBM a créé en 2018 un algorithme appelé Phylira. Ce « robot » informatique a pu analyser près de 2 millions de formules accumulées par la société et des milliers de matières premières selon leurs caractéristiques. Une fois ces données recueillies, Phylira les a mises en relation avec des informations sur les préférences olfactives de dizaine de milliers de consommateurs à travers le monde, des chiffres de vente et d’autres données démographiques. En se basant sur toutes ces informations, l’algorithme a créé de nouveaux accords, destinés à une cible spécifique. C’est ainsi que deux nouveaux jus ont été lancés au Brésil pour les « millenials », les jeunes de 18 à 24 ans.
Vidéo de Symrise sur l’algorithme Phylira
Mais si les prouesses techniques sont de taille, l’intelligence humaine et le talent du parfumeur ne pourront jamais être substitués. Et comme les molécules synthétiques n’ont pas évincé les ingrédients naturels, l’IA est un outil au service du parfumeur pour renforcer sa créativité, certainement pas pour la remplacer !
Le parfum du futur plus proche de nos émotions
Nous avons déjà vu la puissance de notre mémoire olfactive ou le pouvoir des parfums sur nos humeurs. Dans cette idée, les chercheurs souhaitent aller encore plus loin en tentant de comprendre les émotions que peuvent nous procurer un arôme ou un parfum. C’est ce qu’ont imaginé des chercheurs en informatique de l’Université de Nantes en créant en 2014 le « Neurokiff ». Cet objet connecté au nom évocateur est en fait un casque neuronal qui analyse les ondes électriques émises par notre cerveau. Relié à une tablette, le casque interprète en temps réel les émotions ressenties face à un stimuli olfactif ou gustatif. Certaines grandes maisons de parfumerie se sont déjà appropriées cette technologie pour vous faire découvrir le futur parfum qui vous fera le plus vibrer !
Vers de nouveaux gestes parfumés
Au-delà des odeurs, le parfum du futur pourra aussi s’utiliser de façon différente de ce que nous connaissons aujourd’hui. Mais le geste de vaporisation, qui fait partie de notre routine quotidienne, est-il vraiment susceptible de changer grâce à la technologie ?
Parfum et cosmétique : un mariage heureux ?
L’univers du parfum est loin d’avoir révélé tous ses mystères. Et si une fragrance avait les mêmes propriétés qu’une crème hydratante ou qu’un sérum antirides ? Nous le savons déjà, les odeurs activent des leviers directement sur notre cerveau. Mais est-il possible qu’elles aient une action sur notre peau ? Les recherches scientifiques prouvent déjà que la peau réagit face à la lumière grâce aux kératinocytes, cellules qui constituent notre épiderme. Il a été démontré récemment que ces cellules possédaient également des détecteurs olfactifs et seraient capable de « sentir ». Cette découverte ouvre de nouveau champs de recherche pour peut-être créer la cosmétique parfumée de demain.
Les odeurs dans notre quotidien
Le fameux « pschit pschit » du matin est-il voué à disparaître ? C’est ce que la technologie pourrait nous porter à croire. Certaines entreprises travaillent déjà sur le développement d’une cabine de douche reliée à une véritable colonne à parfum. Le principe est simple : vous asperger directement de votre essence préférée après la toilette. Des marques de prêt-à-porter développent quant à elles des tissus encapsulés de milliers de micro-billes. Au contact du vêtement avec la peau, elles libèrent leurs effluves. Le parfum du futur semble investir de nouvelles voies pour nous faire profiter de gestes parfumés inédits.
Mais au-delà de son aspect esthétique, le parfum cherche également à acquérir une nouvelle reconnaissance culturelle. Concert olfactif ou programme parfumé à la télévision, les recherches se font de plus en plus précises. Certaines salles de cinéma s’équipent de nouvelles technologies stimulant notre nez. Odeur de sueur dans les scènes intimes ou de sang dans celles de violences… Tout est fait pour nous plonger dans un voyage olfactif. L’odorat est donc plus que jamais le sens à conquérir pour nous faire vivre des expériences marquantes !
Une chose est sûre : le parfum est, et restera, le symbole fort de notre personnalité ou de notre humeur du moment. Et vous, comment voyez-vous le parfum du futur ?
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