Après nos escales en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud, notre tour du monde olfactif se poursuit à la découverte d’une terre propice à la parfumerie depuis la nuit des temps. Senteurs sensuelles et fragrances épicées, le parfum du Moyen-Orient recèle de mystères. Grâce à un savoir-faire ancestral et à des matières premières emblématiques, le monde arabe a fortement influencé l’art des fragrances à travers les siècles. Découvrez tous les secrets de cette escale parfumée au Moyen-Orient.
Sur la route du parfum au Moyen-Orient
Au Moyen-Orient le parfum est partout. Il est profondément ancré dans la société, les pratiques quotidiennes et les coutumes : c’est un véritable élément culturel. Comme un mode d’expression, il agite les conversations aussi bien chez les femmes que chez les hommes. Du matin jusqu’au soir, le parfum évolue sur la peau et dans les maisons au fil des rayons du soleil et des ingrédients qui le composent.
Un voyage olfactif aux mille senteurs
Au lever du soleil, notre exploration débute sur les versants de la région de Jebel Akhdar, à Oman. Sur ce massif montagneux, des roses au parfum enivrant poussent en abondance. Le nez en éveil, nous partons ensuite arpenter les allées du souk d’Istanbul. Vous pourrez y personnaliser votre parfum à base d’huile de rose, de musc ou encore d’ambre. Composez, assemblez et testez pour laisser derrière vous un sillage unique. À la sortie du marché, tandis que les femmes se rendent aux hammams, les hommes enfilent une tenue traditionnelle. Celle-ci est pourvue au niveau du cou d’un petit pompon spécialement conçu pour être parfumé !
L’heure est venue d’une pause gourmande bien méritée… Vous retrouvez encore la rose, dont l’eau parfume les sorbets, les loukoums et autres pâtisseries très appréciées. Pour accompagner cette note sucrée, délectez-vous d’un café mélangé à de l’ambre gris, délicieux ! Il ne vous reste plus qu’à allumer le brûle-parfum à vos côtés et vous laisser bercer par cette fumée à l’odeur apaisante.
Une terre propice
Si le parfum est un élément capital du mode de vie oriental c’est parce que ces terres sont très propices à la culture de différentes plantes et végétaux odorants. La fertilité des ces terres fut vantée par les poètes Hafiz et Saadi qui chantaient la rose, l’odeur la plus prisée du monde arabe. Le poète latin Properce parlait quant à lui d’une « Arabie aux mille parfums ».
On retrouve également en Orient une multitude d’aromates tels que la coriandre, la sauge ou encore la menthe. Dès l’Antiquité, les civilisations arabes utilisaient ces herbes pour leurs vertus curatives. Encore aujourd’hui, le Moyen-Orient parfume le monde entier d’une atmosphère boisée et épicée. Il existe une multitude de senteurs propre à ces contrées mais les dénominateurs communs de ces fragrances sont bien la sensualité et la puissance, notamment grâce à l’ambre et au musc.
Une expertise ancestrale
Mathématiques, chimie, philosophie… Nombreux sont les domaines qui ont été influencés par les découvertes de la civilisation arabe. Alors que l’empire romain s’effondre, l’Orient s’émancipe et développe une grande culture scientifique. Les techniques de fabrication de parfum que l’on connaît aujourd’hui sont notamment dues à des inventions venues d’Orient. Au Vème siècle, le chimiste et fils d’apothicaire Jabir Ibn Hayyan crée l’alambic, de l’arabe al imbiq qui signifie vase. Une invention qui permettra d’améliorer considérablement les techniques de distillation pour diffuser un nouveau savoir dans toute l’Europe. Au Moyen-Âge, cette culture scientifique arabe influencera les écoles de Salerne et de Montpellier, spécialisées dans la recherche pharmaceutique liée à la parfumerie.
L’utilisation du parfum au Moyen-Orient
Parfum et religion
Au Moyen-Orient, le parfum fait partie intégrante de la religion musulmane. Il est évoqué de nombreuses fois dans le Coran. Mahomet dit « Les femmes, les enfants et les parfumeurs sont ce que j’aime le mieux au monde ». Les textes sacrés évoquent un paradis aux parfums suaves, un jardin rempli de plantes odorantes. On retrouve même des écrits sur des femmes faites du « musc le plus pur ». Dans la religion, l’importance du respect d’autrui est capitale. Ce respect se traduit par la parole et les gestes. Il s’immerge également dans des aspects plus concrets du quotidien comme les odeurs corporelles. Sentir bon va au-delà de l’hygiène et devient une façon de ne pas offenser l’autre. Pour se purifier, les hommes se rendaient régulièrement aux bains publics. Les femmes dans les harems occupaient une grande partie de leur temps à prendre soin de leur corps et de leur cheveux.
Fumigation et tradition
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’encens (l’acte de brûler des matières odorantes) est utilisé en tant que parfum uniquement. Même s’il est brûlé dans les mosquées, il ne s’agit pas d’une forme d’offrande. L’étymologie du parfum per fumum, qui veut dire par la fumée, renvoie à une utilisation traditionnelle du parfum au Moyen-Orient. Dans toutes les maisons, vous trouverez un mabkharah, un brûleur traditionnel. On y fait brûler sur des charbons ardents des morceaux d’oud ou un mélange d’huiles et de bois aromatiques sous forme de petites galettes. Le principe de fumigation comme diffuseur d’odeurs s’appelle bakkhour et c’est un élément clé de la culture orientale.
Pour témoigner son hospitalité aux visiteurs, pour désodoriser une cuisine ou encore pour parfumer les tissus d’ameublement, le bakkhour diffuse une odeur plaisante et durable. On le retrouve aussi pour les grandes occasions. Pour clore les réceptions, la haute société musulmane fait passer entre les convives un brûle-parfum afin que tout le monde respire et se parfume de la précieuse fumée. La semaine précédant une noce, la future mariée imprègnera ses vêtements du bakkhour et elle prendra même un « bain de fumée » la veille du mariage pour parfumer sa peau et ses cheveux.
La composition du parfum au Moyen-Orient
Dans la culture occidentale la majorité des parfums est constituée d’une base d’alcool dans lequel la matière odorante se dissout. En Orient, l’utilisation de l’alcool est prohibée par la religion. On utilise ainsi de l’huile comme support de composition. Les fleurs, les épices ou les herbes choisies seront donc distillées et ajoutées à une huile essentielle de base, généralement celle du bois de santal. Ce parfum huileux est appelé attar au Moyen-Orient. Chacun peut ainsi personnaliser sa propre composition en y ajoutant les ingrédients de son choix : rose, ambre, musc, oliban… Ces huiles sèches s’appliquent sur le corps et les cheveux pour parfumer et hydrater. Voluptueux et tenaces, ces parfums huileux offrent une autre façon d’expérimenter une fragrance. On n’hésite pas à mélanger les parfums entre eux pour obtenir de nouvelles notes et varier l’intensité.
Au-delà de la forme, les codes du parfum sont également différemment perçus au Moyen-Orient. Si en Occident les senteurs restent très genrées, la culture orientale s’affranchit de ces aspects et hommes et femmes portent les mêmes parfums. Aucune différence n’est indiquée sur les flacons et les hommes se plaisent à porter de la rose par exemple. Pour lire notre article sur le sexe des parfums, rendez-vous ici.
Le parfum au Moyen-Orient : les matières premières emblématiques
Épices, fleurs, bois et autres gommes… Les ingrédients venus d’Orient s’utilisent dans de nombreuses compositions. Chacune de ces matières premières apporte à une fragrance une note venue d’ailleurs et une sensualité propre aux parfums orientaux.
L’oud, senteur d’Orient
L’oud est l’un des parfums les plus populaires de la culture arabe et s’invite désormais dans les créations du monde entier. En Orient, on raconte que l’oud a été découvert par un marchand arabe alors qu’il était en Inde. Selon la légende, l’homme passa à côté d’une forêt en feu dont la fumée dégageait une odeur particulièrement plaisante. Le bois d’oud est issu de l’Aquilaria, un bois aux nombreuses appellations. Lorsqu’il est attaqué par une espèce particulière de champignon, ce bois secrète une résine très odorante dont il s’imprègne pour se protéger. Une fois débité en petits copeaux, l’oud (en arabe al-oud qui signifie bois) pourra s’utiliser de diverses manières. On le brûle comme encens sous forme de copeaux et on utilise son huile à l’odeur fauve, cuirée et sensuelle dans les parfums. Sa rareté et le long temps nécessaire à sa production rendent cette matière première extrêmement onéreuse.
L’opoponax : ingrédient incontournable
L’opopo-quoi ? Si vous n’avez jamais entendu parler de l’opoponax il n’y a rien d’étonnant. Pourtant derrière ce nom qui fait sourire se cache une matière première très largement utilisée dans les parfums orientaux. L’opoponax est une plante que l’on retrouve sur les terres arides du Moyen-Orient. En parfumerie, on se sert de la résine qui provient de la tige de l’arbuste. On l’utilise comme encens à faire brûler pour ses vertus relaxantes et pour purifier l’air de la maison. Dans les parfums, cette note chaude, boisée et veloutée se retrouve principalement en note de fond des fragrances ambrées. Son parfum est très proche de celui de la myrrhe, en plus doux et plus terreux.
Le pouvoir odorant du ciste-labdanum
Le ciste est un petit arbuste aux fleurs roses et blanches originaire du Moyen-Orient. Lorsque l’on s’y penche de plus près, on aperçoit une résine qui le recouvre pour le protéger et l’empêcher de se déshydrater, appelée labdanum. En parfumerie, on utilise la résine qui, une fois extraite, délivre une odeur résineuse, boisée, et animale. La gomme de labdanum est elle aussi largement utilisée comme encens et en note de fond des fragrances orientales. Cet ingrédient se mélange également volontiers avec des accords de mousse de chêne, de patchouli et de bergamote dans les parfums chyprés.
Entre traditions et senteurs venues d’ailleurs, notre voyage parfumé au Moyen-Orient s’achève. Rendez-vous dès le mois prochain pour découvrir une nouvelle destination riche en senteurs !
Aimez-vous les parfums orientaux ou sont-il souvent trop puissants pour vous ?
Découvrez nos fragrances
Bonjour,
Je suis étudiant en école d’ingénieur et dans le cadre d’un enseignement d’ouverture visant à écrire un court article pour s’améliorer à l’écrit, je travaille sur les nouvelles tendances en parfumerie pour répondre aux attentes de la nouvelle clientèle. Je me focalise sur les senteurs et « pratiques » inspirées et importées de pays avec des cultures différentes. Votre tour du monde m’intéresse donc. Cependant les professeurs demandent des informations vérifiables et sourcées et je ne vois pas d’auteur à vos articles. Qui puis-je citer et quel est le métier du/de la rédacteur/rédactrice de ces articles ?
Bien cordialement,
Victor Nelaton
Bonjour Victor,
Merci pour l’intérêt que vous portez à nos articles !
Les auteurs de nos articles sont les membres de l’équipe Carrément Belle, entreprise familiale de création de fragrances depuis 1988, basée à Nîmes dans le sud de la France.
Belle journée et bonne continuation pour vos études.