Le dico des molécules de synthèse

les molécules de synthèse s'invitent dans les formules, découvrez les plus utilisées par les parfumeurs

Dans un article précédent, nous vous parlions de l’aubaine que représente la synthèse pour la parfumerie. Grâce à la chimie, le parfumeur dispose d’une palette d’odeurs extraordinaires qui vous permet de profiter de fragrances diverses et variées. C’est ainsi que tout un tas de molécules de synthèse s’invitent dans vos compositions, vous entrainant vers de nouveaux horizons olfactifs. Ces fameuses molécules intriguent et font l’objet de nombreux débats. Elles sont malheureusement rarement mises sur le devant de la scène par les grandes marques. Pourtant, la parfumerie moderne ne serait rien sans elles… Enfilez blouse et lunettes pour faire un tour dans notre laboratoire et découvrir l’envers du décor de vos parfums.

L’art du naturel grâce à la synthèse

Les molécules de synthèse, c’est quoi ?

Un ingrédient de synthèse, c’est une molécule que l’on fabrique artificiellement dans un laboratoire, grâce à divers procédés chimiques. Son but est d’imiter une molécule naturelle, pour en recréer la structure et donc l’odeur. À l’image d’une recette de cuisine, le composé synthétique est élaboré grâce à la combinaison de plusieurs ingrédients. Cette association permettra au chimiste de se rapprocher le plus possible du naturel. On distingue ainsi deux catégories de molécule de synthèse. D’abord, il y a les molécules totalement artificielles. Elles n’existent pas sous forme naturelle et sont donc créées « de toutes pièces » en laboratoire. On parle alors de synthèse totale. Il existe aussi des molécules fabriquées à partir d’espèce chimique naturelle. On va alors légèrement modifier la structure de base pour y ajouter de nouvelles propriétés odorantes.

Aujourd’hui les molécules de synthèse sont largement présentes dans les compositions des parfums car elles possèdent de nombreux avantages. Il existe plusieurs milliers de ces molécules contre seulement quelques centaines matières naturelles. De quoi alimenter la créativité des parfumeurs…

De la chimie à l’odeur

Grâce à l’innovation et la recherche, le chimiste est désormais capable de fabriquer autant de molécules qu’il le souhaite, à volonté. Pourtant, même si ce jeu de construction parait plutôt aisé à vue de nez, il est loin d’être aussi facile de prévoir l’odeur d’une molécule. Pourquoi ? Car notre nez est un appendice plein de mystères que l’on a encore du mal à décrypter ! C’est ainsi que deux structures moléculaires a priori très proches ne sentiront pas du tout la même chose. Parallèlement, des molécules totalement dissemblables pourront être presque identiques olfactivement. Par exemple, la vanilline et l’isovanilline sont deux composés quasiment semblables au niveau de leur structure. Pourtant, l’un sentira la vanille tandis que l’autre dégagera une odeur de bitume !

Le chimiste devra donc prendre en compte plusieurs paramètres lors de la création d’une molécule. Le premier est la volatilité, c’est-à-dire la vitesse à laquelle l’odeur va s’évaporer. Ensuite il faudra considérer le pouvoir odorant, soit la quantité minimum nécessaire pour dégager une odeur.

La palette olfactive des molécules de synthèse

Fruitées, marines, florales ou gourmandes, les molécules de synthèse permettent de reproduire des milliers de notes, issues de toutes les familles olfactives. Au fil du temps et des découvertes, les chercheurs ont développé leurs connaissances. De nouvelles molécules ont ainsi fait leur apparition. Chaque année ce sont ainsi près de 2000 molécules qui naissent dans les laboratoires. Voici un tour d’horizon des composés synthétiques les plus couramment utilisés par les parfumeurs, que vous connaîtrez bientôt sur le bout du nez !

Le précurseur : la coumarine

La coumarine est la molécule qui a introduit la chimie de synthèse au cœur de la parfumerie. C’est en 1868 que Wiliam Perkin parvient pour la première fois à isoler ce composé naturellement présent dans la fève tonka, pour le reproduire grâce à la synthèse. La coumarine possède une odeur typique de foin et de tabac. Le processus de fabrication est ensuite amélioré, permettant une production à grande échelle. La coumarine synthétique sera ensuite employée dès la fin des années 1800 par les plus grandes maisons. Entre 1880 et 1900, son prix sera divisé par 8, la rendant beaucoup plus accessible. On retrouve la coumarine dans notre eau de parfum vanille pour lui apporter une nuance douce et poudrée.

Vanilline et éthylvanilline : la gousse super-odorante

Depuis que la vanille a fait son entrée dans la parfumerie, les chimistes ont cherché à la reproduire grâce à la synthèse pour trouver une alternative moins coûteuse à la matière première naturelle. Après de nombreux essais infructueux, la vanilline, composé naturel présent dans la gousse de vanille, est isolé. Des chercheurs parviennent à reproduire la molécule naturelle grâce à la coniférine, présente dans la résine d’épicéa. Quelques années plus tard, une nouvelle molécule à la puissante odeur de vanille sera découverte : l’éthylvanilline, qui elle n’existe pas à l’état naturel.

l'héliotrope est un petit arbuste fleuri dont l'odeur est assez complexe

Héliotropine : entre poivre et douceur

L’histoire de cette molécule de synthèse est peu commune. Elle a d’abord été créée en laboratoire avant d’être découverte à l’état naturel. En 1869, deux chercheurs étudient le principe aromatique du poivre et créent le pipéronal dont l’odeur est douce et poudrée, à mi-chemin entre la vanille et l’amande, avec des notes florales et délicates. Quelques années plus tard, deux autres chimistes découvriront que ce composé est en fait présent à l’état naturel dans la fleur d’héliotrope, et appelleront donc la molécule héliotropine. C’est une molécule très utilisée en parfumerie de nos jours car elle peut avoir de nombreuses applications. Elle permet ainsi de reconstituer les notes de certaines fleurs ou d’harmoniser des accords gourmands.

Ionones : violette de labo

La violette a toujours intrigué les chimistes. Ils ont multiplié les essais pour en capter l’odeur et reproduire l’ionone, une molécule présente naturellement dans la fleur mais qui est impossible à extraire. Pour recréer sa structure, il faut en fait combiner plusieurs composés synthétiques. Des dérivés à la senteur similaire naitront ensuite, appelés méthylionones. Ces matières synthétiques ont une odeur très douce, poudrée, florale, suave, sucrée et chaude qui rappelle les bonbons à la violette. Elles sont très utilisées dans les accords floraux et notamment dans label rose, notre fragrance précieuse et sauvage.

Métalliques et hespéridées : les adléhydes

Les aldéhydes sont des composés de synthèse qui existent à l’état naturel dans le zeste des agrumes. Ils sont utilisés pour leurs propriétés olfactives reconnaissables à leur odeur chaude, grasse, métallique mais aussi parce qu’ils apportent puissance, tenue et volume à une fragrance. Le parfum aldhéydé le plus célèbre est sans doute le N°5 de Chanel. Dès sa création, l’accord aldéhydé rencontrera un succès phénoménal et sera ensuite utilisé abondamment dans des produits d’hygiène et de cosmétiques, tels que la laque pour les cheveux ou des savons pour le corps.

Calone : la mer en bouteille

En 1951 des chercheurs découvrent la calone (techniquement appelée Calone 1951), une matière synthétique à l’odeur particulière. À l’origine, les chimistes cherchaient à créer un additif alimentaire offrant le goût et l’arôme de la pastèque. À la place, ils sont parvenus à « fabriquer » une poudre blanche dont la structure est similaire à celle des phéromones produites par certaines espèces d’algues. Sous sa forme de cristaux, la calone possède une odeur âcre et brûlante. Ce n’est qu’une fois diluée qu’elle dégagera cette facette iodée si caractéristique. Son odeur fraîche, légèrement anisée et aqueuse évoque l’air iodé et les embruns. On la retrouve dans alõ, notre fragrance marine et festive.

l'ambre gris est une matière première animale qui provient de la concrétion du cachalot, c'est un ingrédient très prisée en parfumerie

Ambrox : l’ambre sans cachalot

À partir des années 30, les recherches débutent pour créer une molécule synthétique reproduisant l’odeur de l’ambre gris, ingrédient d’origine animale. C’est finalement en 1950 que le chimiste Max Stoll découvre qu’en modifiant légèrement la sclaréol, la structure de la sauge sclarée, il obtient une molécule dont le parfum ressemble fort à celui de l’ambre gris. Alors appelé ambrox, ce composé séduira bon nombre de nez jusqu’à aujourd’hui, pour apporter un fond chaud et oriental aux fragrances.

Éthyl-maltol : gourmandise synthétique

L’étyl-maltol est une molécule de synthèse très utilisée depuis les années 90. C’est un dérivé artificiel du maltol, une molécule naturelle que l’on retrouve dans le cacao et le malt torréfié. L’éthyl-maltol possède un grand pouvoir d’exhausteur de goût, et son odeur de caramel aux accents de praline est six fois plus puissante que le maltol. Cette molécule est largement utilisée en parfumerie et sert à créer des accords gourmands aux notes sucrées de gâteau ou de chocolat.   

Cette liste est loin d’être exhaustive. Il existe une multitude d’autres molécules de synthèse que le parfumeur peut utiliser pour reproduire des odeurs de musc, de cuir, de muguet et bien d’autres. Connaissiez-vous ces composés chimiques ?


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