La violette est une matière première aussi capricieuse qui fascinante dont la fleur ne se dévoile pas au premier venu. Alors pour reproduire les notes de violette, à la fois florales et poudrées, les parfumeurs font appel à la chimie de synthèse et notamment à une famille de composés appelée ionones. Ces ingrédients sont aujourd’hui très largement utilisés par les créateurs en quête d’intensité. De la fleur à la feuille, en passant par les molécules de synthèse, vous saurez tout sur ce parfum suave et élégant.
Histoire et botanique : la violette
Il existe une multitude d’espèces de violette, mais seule l’une d’entre elle intéresse tout particulièrement les parfumeurs : la violette odorante. Cette petite plante vivace fleurit au printemps pour coloniser nos jardins et colorer les près de ses belles nuances bleues et violacées. Aujourd’hui, la violette odorante est surtout cultivée pour la parfumerie et la cosmétique, mais aussi pour la cuisine grâce à son goût subtil.
La violette est synonyme de beauté, de simplicité et de modestie. Dans la mythologie grecque, Zeus commanda à la Terre de créer une fleur en l’honneur de la belle Io, dont il était amoureux en secret. Au Moyen-Âge, cette fleur sera considérée comme une plante magique aux pouvoirs aphrodisiaques ! Quelques siècles plus tard, elle sera la fleur favorite de Napoléon et de Joséphine, et deviendra ainsi l’emblème des Bonapartistes.
À l’état naturel, le parfum envoûtant de la violette est très agréable, mais il est aussi très éphémère. En fait, il endort légèrement les récepteurs olfactifs, d’où l’impression que ses effluves s’échappent très rapidement. Il faut attendre quelques minutes avant de pouvoir sentir la fleur de nouveau.
Recueillir l’essence de la violette
Une fleur capricieuse…
Le parfum suave des notes de la violette deviendra très populaire au XIXe siècle. À cette époque, pour extraire l’essence des végétaux, on adopte la technique de l’enfleurage à chaud. On fait infuser les fleurs de la plante dans des cuves remplies de graisse, que l’on chauffe au bain-marie. Il faut ensuite laisser macérer le mélange tout en le remuant pendant plusieurs heures. Au bout d’une journée, les fleurs « vidées » de leurs composés odorants sont retirées, pour les remplacer par des fleurs fraîches. On répétait ainsi l’opération au moins 10 fois ! Mais même à ce stade, le processus est loin d’être fini. Il faut ensuite recueillir la graisse saturée d’odeur pour la faire chauffer doucement et la laver à l’alcool. Le mélange est ensuite refroidi et enfin distillé pour obtenir une absolue.
Cette technique onéreuse et fastidieuse nécessitait beaucoup de main-d’œuvre pour un rendement trop faible, voire inexistant. L’extraction de l’odeur de la fleur de violette fut donc vite abandonnée.
… aux feuilles tendres
S’il est très compliqué d’extraire des notes de la fleur de violette, les feuilles de cette plante font preuve quant à elles de plus de coopération ! En effet, celles-ci sont beaucoup plus facile à extraire. On utilise la technique de l’extraction aux solvants volatils sur les feuilles qui va permettre de délivrer une absolue à l’odeur radicalement différente de la fleur. Son parfum possède des nuances vertes. Il est assez puissant et intense, avec une légère odeur de foin. Ses effluves font aussi penser au concombre ou à l’herbe coupée, bien différent de la senteur sucrée et poudrée des fleurs de violette…
La synthèse à la rescousse
Pour recréer la note « fleur de violette », les parfumeurs font donc appel à la chimie organique et aux molécules de synthèse. C’est ainsi qu’ils jouent savamment avec les formules en leur ajoutant d’autres matières d’origine synthétique. Ils peuvent donc utiliser les ionones pour obtenir cette note douce, florale, poudrée et chaude, qui fait penser aux bonbons à la violette. Les ionones représentent une famille de molécules odorantes qui sont largement utilisées depuis le XXe siècle, dans les savons, les crèmes et les parfums.
La découverte des ionones et des méthyl-ionones
Ces molécules furent parmi les premières à être synthétisées. C’est le chimiste Tiemann qui les a découvertes en 1893. Les ionones ont provoqué une véritable révolution dans le monde de la parfumerie, car elles ont représenté une alternative très intéressante à des huiles essentielles de fleurs rares, très coûteuses ou volatiles. Cela a donc contribué à démocratiser certaines senteurs dans les compositions.
Ce composé odorant a d’abord été isolé de la racine d’iris. Ensuite, il a été synthétisé à partir de l’huile essentielle de citronnelle. C’est la réaction du citral, contenu dans cette essence, mélangé à de l’acétone, qui permet d’obtenir un mélange de deux composés : l’alpha-ionone, d’une part et la bêta-ionone, d’autre part. Aujourd’hui, les ionones sont utilisées dans de très nombreux parfums sous différentes formes, notamment avec les méthyl-ionones. Les ionones évoquent un parfum très fleuri, avec des accents boisés et sucrés qui se traduisent par des notes chaudes et poudrées. Les méthyl ionones sont plus forts, avec une tonalité de bois plus prononcée.
Les notes de violette dans vos parfums
Les mariages olfactifs
Le parfum de la violette est multiple : on retrouve de l’herbe verte associée à des sous-tons terreux de mousse, mais aussi des accents doux et sucrés, aux notes chaleureuses. Il est donc très différent des effluves dégagés par les autres fleurs de la palette du parfumeur. Les notes de la violette, puissantes et intenses, sont généralement positionnées au cœur de la pyramide olfactive d’une composition. La violette est fréquemment associée aux parfums floraux dans lesquels elle apporte une touche d’élégance et de profondeur. Avec la rose, elles forment une combinaison olfactive de choix, raffinée et romantique à la fois. Mais sa subtilité illumine aussi les compositions boisées en y apportant fraîcheur et humidité. C’est aussi le cas des fragrances orientales, dans lesquelles la violette délivre tout son parfum suave et poudré.
La violette par Carrément Belle
Cette plante mystérieuse et si précieuse a chatouillé notre nez et a inspiré l’une de nos créations parfumées.
Avec label rose, l’amour est un bouquet de violette
Un bouquet olfactif de fleurs liquides s’épanouit au cœur de label rose. Cette composition fraîche et précieuse offre un départ vert et agrumé qui laisse place à un cœur de fleurs. Aux côtés de la belle rose Damascena, d’un accord pivoine et des fleurs de jasmin, la violette dévoile toute son élégance et sa puissance. Elle apporte également des notes poudrées et sensuelles. Son sillage finit par libérer un accord boisé et musqué qui ne manque pas de caractère… Une fragrance printanière, à adopter toute l’année !
Aimez-vous le parfum de la violette ?
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