La tubéreuse est une fleur blanche ensorcelante, que les parfumeurs ont appris à apprivoiser au fil des années et des interprétions. Derrière son apparente innocence se cache pourtant une véritable sensualité. Cet ingrédient longtemps mal-aimé a pu effrayer à cause d’une grande puissance odorante. Mais ses multiples facettes ont réussi à charmer les nez en quête d’originalité et de subtilité. Découvrez tous les mystères que recèlent cette fleur au parfum sulfureux.
L’histoire de la tubéreuse
Origine et botanique
Au pays des fleurs blanches, parmi le jasmin, la fleur d’oranger ou le frangipanier, on retrouve la tubéreuse, une plante vivace herbacée à bulbe. La tubéreuse possède une longue tige sur laquelle viennent s’épanouir de belles fleurs tubulaires en forme d’étoile. La plante fleurit durant tout l’été jusqu’au début de l’automne. Originaire d’Inde et du Mexique, celle que l’on appelait autrefois jacinthe des Indes aurait été rapportée en 1530 en Europe par un missionnaire français. On dit que les aztèques l’utilisait pour parfumeur le chocolat. Les premiers bulbes furent plantés à Grasse dès le XVIIème siècle pour exploiter le parfum de ces fleurs épaisses et cireuses. Désormais, la tubéreuse est cultivée dans le sud de l’Inde, en Égypte, mais aussi au Maroc et en Tunisie, ainsi qu’en Chine et aux Comores.
Senteur de légende
Réputées pour être très odorantes, les fleurs blanches sont connues pour leur puissance olfactive et leur féminité. La tubéreuse serait la plante la plus parfumée du règne végétal. Et pour cause, son parfum opulent continue d’exhaler même 48 heures après sa cueillette. Et ce parfum ressemble à celui diffusé par d’autres fleurs blanches comme la fleur d’oranger ou l’ylang-ylang, avec un aspect plus crémeux et encore plus « profond ». Cette senteur déjà puissante a la particularité de devenir encore plus intense une fois la nuit tombée. D’ailleurs, il parait qu’en Italie durant la Renaissance les jeunes filles avait l’interdiction de se promener le soir dans les jardins, au risque de succomber à ce parfum narcotique qui leur aurait donné des idées pas très catholiques… !
En France, Louis XIV, grand amateur de parfum, en fit rapporter plus de 10 000 bulbes pour fleurir le Trianon. Cette odeur sensuelle embaumait aussi les couloirs de Versailles. En Inde, on retrouve la tubéreuse en décoration dans les mariages et dans la chambre nuptiale des jeunes époux. Son parfum érotique favoriserait ainsi la connexion amoureuse !
L’utilisation de la tubéreuse en parfumerie
Culture & extraction
La cueillette de la tubéreuse nécessite beaucoup de patience et de savoir-faire. On récolte ainsi les fleurs une à une à la main, chaque matin lorsque le soleil se lève et que les corolles s’ouvrent. C’est à ce moment-là que les composés odorants sont les plus concentrés. Cette fleur est fragile et ne peux pas être extraite de n’importe quelle façon. Autrefois, on utilisait le procédé de l’enfleurage à froid. On disposait les fleurs sur des grands châssis de bois recouverts de graisse animale ou végétale. Après macération des fleurs fraîches, la graisse chargée d’essences était « lavée » puis extraite aux solvants volatils pour obtenir une absolue. Mais cette technique longue et fastidieuse a été peu à peu délaissée.
Aujourd’hui on procède à une extraction aux solvants volatils des fleurs pour délivrer l’absolue tant recherchée. Ce produit parfumé est très onéreux car il faut plus de 1200 kilos de pétales pour obtenir à peine 200 grammes d’absolue !
Le profil olfactif de la tubéreuse
Tout comme les autres fleurs blanches, la tubéreuse dégage un parfum très féminin. Son absolue marque d’autant plus qu’elle dégage une multitude de nuances. On retrouve des accents lactés dotés de notes très solaires et orangés, avec un côté miellé et amandé, comme un jasmin fruité. Mais la tubéreuse possède un autre aspect, plus vert, camphré, presque médicinal. Elle exhale aussi une senteur très sensuelle et charnelle avec son côté animal. À cause de son prix très élevé, le parfum de la tubéreuse est souvent recréé grâce à la synthèse. Les parfumeurs peuvent alors jouer sur ses différentes facettes afin de les accentuer ou au contraire de les atténuer. En dosant les différentes molécules synthétiques, parfois présentes naturellement dans la plante, le nez pourra pousser les nuances animales, l’aspect solaire et crémeux presque noix de coco, ou encore le profil plus végétal de la fleur.
Les interprétations parfumées
Cette fleur au souffle puissant a longtemps effrayé les parfumeurs qui n’osaient pas l’employer de peur de couvrir le reste de la composition. C’est pourtant le pari relevé par Germaine Cellier, rare parfumeuse de son temps, qui lance un soliflore à l’aube des années 50. Fracas de Robert Piguet est encore aujourd’hui une référence en la matière. Tombée ensuite dans l’oubli, la tubéreuse surgira de nouveau durant les eigities avec leur mode des parfums puissants et capiteux. Depuis plusieurs années maintenant, la tubéreuse est interprétée de façon plus subtile. Elle relève ainsi des bouquets floraux ou des fragrances orientales en dévoilant ses notes poudrées et sensuelles.
Carrément Belle et la tubéreuse

La sensuelle tubéreuse s’invite dans notre parfum mythique, notre toute première création, l’éternel ippi patchouli. Dans cette fragrance orientale, votre nez se transporte doucement mais sûrement dans un univers bohème auprès d’une génération accro au patchouli. Les effluves boisés et résineux de cet ingrédient emblématique se conjuguent à des notes fleuries et sucrées. La tubéreuse vient se dévoiler sans concession, en jouant sur toutes ses facettes. Son aspect crémeux et solaire s’exprime aux côtés de la noix de coco et de la pêche. Les nuances plus fleuries et vertes de la fleur se dévoilent aussi, associées à une touche de fleur d’oranger, de rose et de jasmin. Enfin, son aspect plus animal s’harmonise parfaitement avec un fond musqué. Une fragrance addictive qui vous fera voyager en quelques gouttes !
Maintenant que vous en savez plus sur la tubéreuse et ses interprétations parfumées, reconnaîtrez-vous ses notes envoûtantes ?
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