Il y a des larmes qui sont plus douces que d’autres… Et c’est le cas de celles du benjoin, cette résine balsamique qui coule pour délivrer son odeur suave et vanillée. Cet ingrédient précieux a envoûté un grand nombre de parfumeurs qui l’utilisent pour faire voyager les compositions vers des contrées orientales. De ses bienfaits à son profil olfactif, découvrez les mystères de ce baume si particulier.
Les origines du benjoin
Un peu de botanique
Le benjoin n’est pas un arbre ou une plante, mais la résine qui est secrétée par des plantes du genre Sytrax (un genre d’arbres et d’arbustes qui poussent majoritairement en Extrême-Orient, appartenant à la famille des Styracacées). Lorsque l’on incise l’écorce de ces arbres, une résine, également appelée baume ou larme, s’écoule. D’abord liquide, l’exsudation se solidifiera au contact de l’air. Il existe divers types de benjoin, selon l’origine de l’arbre duquel on l’extrait. On trouve ainsi du benjoin de Siam ou du Laos, mais également du benjoin de Sumatra. On récolte alors les précieuses larmes en Malaisie, à Sumatra mais aussi au Laos et au Vietnam.
Histoire et bienfaits du benjoin
La résine de benjoin est ingrédient utilisé depuis l’Antiquité. Dès l’époque de l’Egypte ancienne, ses larmes et son bois sont plébiscités pour leurs vertus odorantes et désinfectantes. On les utilise en fumigation lors des rituels religieux mais également dans le processus d’embaumement. Les Grecs s’en servent ensuite en médecine pour lutter contre les infections pulmonaires et les problèmes de peau. Dès lors, le benjoin sera connu et reconnu pour ses propriétés. Dans de nombreuses cultures, son bois odorant est brûlé pour purifier les maisons et éloigner les mauvaises énergies.
Très vite, le benjoin sera utilisé pour confectionner de l’encens. On le retrouvera sous cette forme dans des temples bouddhistes, des églises orthodoxes de Russie ou catholiques en Europe et dans les salons des habitants des pays du Golfe. Il parait aussi que de grands maîtres asiatiques en buvaient sous forme d’infusion de feuilles du styrax, pour améliorer leur art divinatoire. Le benjoin est commercialisé à travers l’Orient puis l’Occident dès le VIIIème siècle.
L’utilisation du benjoin en parfumerie
La récolte des larmes de benjoin
Avant de dévoiler ses notes chaleureuses dans les compositions, le benjoin se récolte d’abord à la main. Et pour cela il ne faut pas avoir le vertige ! Le récolteur se hisse ainsi en haut du tronc de l’arbre (qui peut atteindre jusqu’à 3,5 mètres de haut). Au fur et à mesure de sa descente vers la terre ferme, il va entailler l’écorce à plusieurs reprises et dans des endroits différents. Le but ? Faire « pleurer » l’arbre pour que les larmes puissent couler, doucement mais sûrement. Cette exsudation est d’abord semi-liquide, de couleur blanche. Elle va cependant durcir rapidement en séchant pour devenir jaune ambré. Il faut attendre environ 6 mois pour récolter le benjoin. Après un nettoyage et un tri à la main, les petits galets subissent une extraction aux solvants volatils. Ce procédé permettra d’obtenir une résinoïde, puis finalement une absolue. Pour information, un arbre produit entre 4 et 6kg de résine par an.
Un parfum doux et vanillé
Le benjoin est un ingrédient riche en senteurs, qui déploie de multiples facettes. Il s’agit d’une matière première dont l’odeur est très vanillée, chaleureuse et suave. On lui trouve des aspects de caramel, d’amande, de café grillé ou de miel. Il distille également des notes plus florales qui évoquent l’œillet, avec des nuances légèrement médicamenteuses. Il est aussi à la base de la recette du papier d’Arménie.
Selon sa variété, le benjoin ne dévoilera pas exactement le même sillage. Ainsi, le benjoin du Laos, aux grandes qualités olfactives, sera vanillé et caramélisé, sans être trop sucré ni poudré. Le benjoin de Siam, le plus recherché par les parfumeurs, est quant à lui beaucoup plus rare, et donc beaucoup plus cher ! Il présente un caractère vanillé beaucoup plus affirmé, très suave.
Les accords du benjoin
Avec ses nuances lactées, liquoreuses et sa facette beurre de cacao, le benjoin apporte beaucoup de rondeur et de chaleur à une composition. C’est pour cela qu’on le retrouve essentiellement dans des accords orientaux, ambrés ou gourmands. Derrière cette apparence douce, le benjoin dévoile aussi des tonalités très sensuelles, que les nez associent souvent à du labdanum ou à des notes épicées, comme de la cannelle. Cet ingrédient est également un excellent fixateur qui permettra d’améliorer la tenue d’une fragrance, tout en lui apportant beaucoup de profondeur et de relief.
Carrément benjoin !

Au cœur de l’Orient avec kilim
Dans l’eau de parfum kilim, le benjoin joue son rôle à merveille : il assure à cette fragrance un sillage envoûtant qui vous collera à la peau ! Dans cette composition résolument orientale, les notes boisées et résineuses du patchouli se conjuguent aux nuances fleuries et fruitées d’un marché chatoyant. Le géranium et le jasmin s’accordent aux nuances sucrées de l’abricot, de la framboise, de la pomme et de l’orange. Un voile épicé vient relever la formule pour qu’elle s’épanouisse finalement dans un sillage boisé et suave, où la précieuse résine et la vanille s’unissent.
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