Gantiers-parfumeurs : le parfum dans la peau

Ils ont le parfum dans la peau : découvrez l'histoire des gantiers-parfumeurs

Dans son histoire, le Parfum a souvent changé de formes depuis son apparition dans l’Antiquité. Mais saviez-vous que parfumeurs et gantiers ont longtemps partagé une passion commune ? Ne soyez pas surpris, on vous raconte l’histoire des Maîtres gantiers-parfumeurs pour tout vous expliquer…

De Grasse à la Cour du Roi-Soleil

Dès le Moyen-Âge les tanneurs s’installent dans la ville provençale de Grasse. Ils peuvent ainsi facilement commercer avec Gênes et Pise pour exporter leurs cuirs. Mais l’odeur des peaux, malgré leur qualité, reste nauséabonde. L’engouement de la noblesse pour les gants diminue donc fortement tandis que le parfum connait un succès éclatant. Une véritable frénésie alors que la propreté diminue et que le parfum est utilisé pour masquer les mauvaises odeurs. Poudres et eaux parfumées embaument alors les visages et les perruques de la Cour.

La tradition du gant parfumé viendrait d’Italie. À la fin du XVème siècle, le marquis Pompéo Frangipani aurait inventé un parfum à base d’amande pour dissimuler la forte odeur que dégageaient ses gants en cuir. C’est ainsi qu’est née l’idée de parfumer ses gants… mais aussi la crème frangipane que le pâtissier de Frangipani utilisa pour agrémenter ses gâteaux ! Pardon, notre mémoire olfactive nous a fait voyager vers des souvenirs gourmands…

En France, un tanneur grassois du nom de Molinard aurait offert à Catherine de Médicis une paire de gants parfumés. Pour sa composition, il se servait dans son environnement, mélangeant lavande, fleur d’oranger, rose ou encore mimosa. Enchantée par ce cadeau, la souveraine le rapporte à la Cour et ce nouvel accessoire se répand rapidement auprès des classes aristocratiques françaises. Devant tant de succès, les fabricants de Grasse développent des essences destinées à aromatiser le cuir de luxe, faisant de ce nouvel artisanat leur spécialité. Grâce à ce savoir-faire, la petite ville de Grasse acquiert rapidement une réputation mondiale dans la ganterie parfumerie.

Le savoir-faire artisanal des gantiers-parfumeurs

Mais parfumer les gants n’est pas une mince affaire et les fabricants y parvenaient par à un processus long et délicat. Après plusieurs étapes fastidieuses, Simon Barbe, un des célèbres gantiers-parfumeurs de Paris, disait obtenir « des gants qui ont l’odeur de la fleur naturelle » (1699).

Pour cela, il faut d’abord traiter la peau et la débarrasser de son odeur très désagréable. Après de nombreux rinçages, la peau est immergée dans un bain de senteurs, c’est-à-dire une eau parfumée aux essences à la mode. Une fois cette étape passée, les gants sont taillés, cousus et teints. Intervient alors la « mise en fleurs », une étape capitale dans la tradition du gant parfumé. Elle consiste à superposer des gants avec des couches de fleurs dans une boîte fermée. Cette opération doit être renouvelée toutes les douze heures. Entre chaque mise en fleurs, les gants sont suspendus à un fil pour sécher. Ce processus dure au minimum huit jours pour atteindre le résultat escompté. Enfin, l’intérieur des gants est également poudré pour faire disparaitre toute trace de mauvaise odeur et faciliter l’enfilage.

Le gant parfumé, une nouvelle mode

Cette nouvelle mode envahit la France et l’étranger et les fabricants se distinguent par la puissance de la fragrance utilisée. En France, les notes choisies sont plutôt douces avec une base de violette, d’iris ou encore de fleur d’oranger. En Espagne, des fragrances plus soutenues telles que le musc, l’essence de cèdre ou encore le camphre sont préférées pour parfumer les peaux.

Maîtrisant la méthode de fabrication, les gantiers-parfumeurs profitent de cet avantage pour progressivement acquérir le monopole de la distribution des parfums. Au détriment des apothicaires, distillateurs, alchimistes et droguistes, sous l’autorité de Louis XIII puis de Louis XIV. Les gantiers-parfumeurs travaillent ainsi les peaux pour en faire de véritables accessoires de luxe.

En 1651, Louis XIV délivre le brevet de Maîtres Gantiers-Parfumeurs qui autorise les fabricants à se targuer d’un titre d’honneur. La corporation des gantiers-parfumeurs voit le jour. Elle compte alors 21 membres, pour atteindre le nombre de 70 une vingtaine d’années plus tard ! Ils sont alors les seuls habilités à composer des parfums et ont pignon sur rue dès le XVIIème siècle dans le quartier Saint-Honoré à Paris.

Gant et parfum : chacun son camp

À partir de 1759, le cuir devient extrêmement taxé et les maîtres gantiers-parfumeurs doivent affronter une nouvelle concurrence installée à Nice. Dans le même temps, se parfumer devient pour les françaises un véritable rituel de beauté : le parfum n’est plus utilisé à des fins de commodité pour camoufler les mauvaises odeurs. Dans ce contexte, les métiers de tanneurs et de parfumeurs se séparent et un véritable commerce de parfum se développe. La corporation des gantiers-parfumeurs est finalement dissoute en 1791 après la Révolution Française par la Loi Le Chapelier qui proscrit tous les groupements de métiers.

Quand le cuir reste au parfum

Depuis Catherine de Médicis, cuir et parfumerie ont toujours été liés. Et si les premières notes cuirées ont été créées par les maîtres gantiers-parfumeurs, le cuir a traversé les époques, devenant une famille olfactive à part entière. Les facettes cuirées se distinguent des autres familles par un caractère puissant aux notes animales et fumées. Notamment utilisé dans les parfums orientaux, il a su séduire aussi bien les hommes que les femmes car il s’associe parfaitement à des notes ambrées, fruitées, chyprées ou florales. Aujourd’hui encore, le cuir fait partie des matières nobles de la parfumerie… et vous colle à la peau des mains jusqu’au cou !

Que vous inspirent les parfums cuirés ? En plus de votre peau, avez-vous l’habitude de parfumer vos vêtements ?


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