Histoire du parfum : La Renaissance

Le parfum à la Renaissance est surtout utilisé pour camoufler les mauvaises odeurs et lutter contre les épidémies. Il se répand partout à la cour.

Nous l’avons vu dans notre article du mois dernier, le parfum a d’abord été synonyme de frivolité durant le Moyen-Âge. Il a ensuite été adopté pour ses vertus médicinales, notamment lors du rituel des bains parfumés. Mais dès le début du XIVème siècle avec l’arrivée de la peste noire, la peur de l’eau s’installe et les habitudes se modifient. Cependant, l’art des fragrances a toujours su garder une place importante dans cette époque moderne de grandes découvertes. Découvrez les secrets de l’utilisation du parfum lors de la Renaissance.

Découvertes techniques et olfactives

La Renaissance est une période historique marquée par de grandes découvertes qui ont considérablement influencées notre monde moderne. Cette ère d’art et de littérature aura également servi la parfumerie d’aujourd’hui grâce à de nombreuses avancées aussi bien techniques qu’olfactives.

L’imprimerie

Comme le relatent nos livres d’Histoire, Gutemberg a marqué son temps grâce à une formidable invention au XVème siècle : celle de l’imprimerie. À priori, le lien avec la parfumerie n’est pas évident. Et pourtant l’imprimerie a permis de coucher sur le papier de nombreux ouvrages qui regroupaient des recettes de compositions parfumées et d’eaux odorantes. Grâce à ces livres, le savoir-faire de la parfumerie, de la confection à la conservation des essences, s’est largement répandu en Europe. Ces recueils écrits le plus souvent en italien et français permettent d’étendre la culture et la connaissance de l’art des fragrances, dont les formules circulent et se transmettent entre différents pays.

Des progrès techniques

Déjà au Moyen-Âge, de nouvelles découvertes techniques avaient marqué un tournant important dans la parfumerie grâce aux avancées de la distillation à l’alcool. Durant la Renaissance, cette technique de fabrication de parfum continue d’évoluer et de progresser. L’utilisation du serpentin se généralise, permettant d’améliorer le refroidissement et la condensation de la vapeur. Peu à peu, les alambics en verre remplacent ceux en cuivre. Le verre est matériau neutre qui n’a aucun impact sur la composition parfumée finale. Les parfums solides laissent progressivement leur place aux parfums liquides, tels que les eaux de senteurs. Toujours à la recherche de senteurs inconnues, les scientifiques travaillent sur des recherches de grande ampleur. On parle désormais de chimie et non plus d’alchimie, et la qualité des essences devient nettement meilleure.

Expéditions olfactives

À cet ensemble de progrès techniques s’ajoute un développement considérable de nouvelles matières premières. Dès le XIIème siècle, de nouvelles senteurs ramenées des Croisades font leur apparition. Mais durant la Renaissance, le parfum fera un grand bond en avant grâce aux expéditions maritimes des grands explorateurs à l’image de Christophe Colomb, Magellan ou Vasco de Gama. La vision géographique du monde change et de nouvelles voies commerciales s’ouvrent. Christophe Colomb ramène des senteurs inédites du Nouveau Monde : la vanille et le copal du Mexique, le cacao, le tabac, le baume de Tolu et celui du Pérou. Depuis les Indes, les bateaux rentrent en Europe chargés de cannelle, de benjoin de Sumatra, de gingembre, de poivre et de girofle.

Grâce à ces expéditions on accède à de nouvelles matières premières odorantes mais aussi à un nouveau type de savoir-faire oriental pour la culture et l’extraction des épices et des fleurs. Le parfum à la Renaissance connaîtra donc de grandes avancées aussi bien techniques qu’olfactives.

L’Europe : le centre du parfum à la Renaissance

Grâce à sa position stratégique au croisement des routes maritimes, Venise conserve une place centrale dans le commerce du parfum durant toute la période médiévale. Mais les voies commerciales récemment découvertes par l’Espagne et le Portugal mettent fin au monopole de Venise.

Espagne et Italie, pays de parfumeurs

Les plus grands parfumeurs de la Renaissance sont espagnols et italiens. Les espagnols profitent du savoir-faire et de la science de leurs voisins et prédécesseurs arabes. Ainsi, ils étendent peu à peu leurs eaux aromatiques en France. Les italiens tirent quant à eux leur avantage de la richesse de leurs terres et de la frénésie des aristocrates et des bourgeois pour les parfums. Même les princes se plaisent à confectionner eux-mêmes leurs propres essences !

La France entre en jeu

En France, François 1er, fervent amateur d’art et amoureux du faste, noue une alliance avec l’Italie en mariant son fils Henri II avec Catherine de Médicis. Grâce à cette union, la France entrera enfin dans la partie et fabriquera elle aussi du parfum lors de la Renaissance. Et justement, Catherine de Médecis ne viendra pas seule en France, puisqu’elle entraîne avec elle son parfumeur Renato Bianco, plus connu sous le nom de René le Florentin. Il deviendra très vite célèbre pour ses créations et installera sa boutique de parfum (et de poison !) à Paris sur le Pont de Change. De nombreux parfumeurs italiens viendront à leur tour s’installer dans la capitale, flairant un succès grandissant.

La mode des produits parfumés se répand partout et la ville française de Grasse devient réputée pour son savoir-faire en matière de culture de plantes à parfum.

Le parfum de la Renaissance comme cache-misère

Contrairement au Moyen-Âge où l’hygiène était une préoccupation importante avec les bains notamment, la Renaissance voit ses rituels changer.

La peur de l’eau

Une crainte des bains commence véritablement à s’installer dans un contexte terrible d’épidémie de la peste. Les bains publics sont fermés et les pratiques individuelles reculent pour complètement se stopper. La population craint que l’eau s’infiltre dans le corps, le fasse gonfler laissant ainsi la maladie s’introduire. L’eau devient un facteur de contagion et on se lave de moins en moins. Parallèlement, l’apparence tient un rôle de plus en plus important pour affirmer son statut et sa richesse en société. L’art du paraître supplante l’hygiène et la propreté. À partir de XVIème siècle, on ne se « lave » que très occasionnellement. Et la pratique est assez superficielle puisqu’on se contente de verser de l’eau sur certaines parties du corps. L’hygiène constitue plutôt un « décrassage » en se frictionnant la peau de linges imprégnés d’essences diverses. Il paraît même que Louis XIV prenait un bain… une fois par an !

Le règne de la crasse parfumée

Durant la Renaissance le parfum sert à camoufler les effluves peu flatteurs des corps mal lavés. Et les odeurs sont si désagréables que les jus parfumés se font très odorants et capiteux. À l’époque, les odeurs animales comme le musc ou l’ambre sont largement plébiscitées pour leur puissance olfactive et leurs vertus aphrodisiaques. D’autres ingrédients odorants sont aussi utilisés comme le jasmin ou encore la tubéreuse.

C’est dans cette démarche de camouflage qu’apparaît le gant parfumé fabriqué à Grasse. Cet engouement conduira à la création d’une véritable corporation de profession. Les gantiers-parfumeurs obtiennent le monopole de la distribution de parfum et remplacent les apothicaires et les droguistes. Grasse devient alors le centre de la parfumerie européenne.

Le parfum envahit tout et tout le monde. On parfume les corps bien sûr, mais aussi les perruques, les vêtements, la nourriture ou encore le tabac. Les animaux avaient eux aussi droit à leurs essences aromatiques et il n’était pas rare de parfumer son petit chien et ses oiseaux exotiques. Dans la maison le parfum est partout. On dispose des coussins remplis de fleurs séchées et on use de pastilles odorantes à brûler ou d’aspersoirs pour dissimuler les odeurs importunes. La Cour s’inonde de fragrances et les plus aisés changent de parfum chaque jour.

Le parfum comme bouclier

Comme durant les siècles précédents, le parfum est utilisé pour faire rempart contre la maladie. Pour se prémunir de tous les maux, la pomme d’ambre du Moyen-Âge est encore largement portée par les plus riches. Cet objet contenant différents aromates laisse peu à peu sa place dès le XVIIème siècle à d’autres contenants tel que le gland, un petit sachet parfumé. En temps de peste, les médecins portent un grand manteau imperméable au mauvais air. Le visage est couvert d’un masque muni d’un long bec que l’on remplit d’aromates pour lutter contre les odeurs nauséabondes et toxiques.

Le parfum permet donc à la fois de débarrasser le corps de ses déchets et de créer une barrière anti-miasmes. Les médecins de cette époque considèrent que les ingrédients odorants, d’origine animale ou végétale, sont des remèdes très efficaces. Les eaux de senteurs sont des décoctions que l’on avale pour nettoyer le sang et les organes des impuretés. Ambroise Paré, chirurgien du roi, fabrique alors des « marmites à plantes » : une sorte de baignoire spécialement conçue pour la guérison.

Médecine et parfumerie continuent de cohabiter de façon très forte durant la Renaissance.

Siècle des Lumières : éclosion des produits parfumés

Le Siècle des Lumières, celui de la philosophie, de la littérature et de la Révolution, est souvent considéré comme le siècle de l’apogée des parfums.

La cour parfumée

Le roi Louis XV perdure les traditions et la frénésie des fragrances est toujours omniprésente. À Versailles, le parfum est tellement puissant que l’on peut clairement parler d’imprégnation. D’ailleurs les dépenses en la matière étaient énormes, plus importantes que les frais pour la nourriture ! La cour de Louis XV fut renommée dans toute l’Europe « la cour parfumée » où l’on répandait chaque jour de nouvelles odeurs. Les eaux de senteurs sont très populaires et partagent les faveurs du peuple avec les vinaigres de toilette auxquels on attribue des vertus désinfectantes.

La demande en produits parfumés est croissante, et certaines fragrances sont élaborées sur mesure. Se créent alors les premières grandes maisons de parfumeurs comme Piver ou Lubin en France et Floris à Londres.

Retour au naturel

Le milieu du XVIIIème siècle va marquer un tournant dans la parfumerie, par le passage de fragrances capiteuses pour dissimuler la puanteur, à des senteurs beaucoup plus fraîches et délicates. C’est à cette époque qu’une nouveauté va chambouler les compositions parfumées. L’Eau de Cologne débarque d’Allemagne et séduit immédiatement la Cour qui la consommera sous toutes ses formes : dans le vin, en friction, en lavement, en injection, sur du sucre…

Les maisons se parfument de pots-pourris frais disposés dans des coupes d’argent ou de porcelaine. Le musc, la civette et l’ambre sont délaissées au profit de senteurs florales et fruitées que l’on retrouve dans de délicats flacons.

Les philosophes des Lumières rétablissent peu à peu la place de l’eau dans la toilette. Même si l’on parfume encore ses cheveux et ses vêtements, la pratique d’ablutions réapparait. Le bidet s’installe dans les salles de bains des aristocrates en 1730 pour lutter contre les mauvaises odeurs.

À cause de son image de produit destiné à la bourgeoisie, le parfum s’éclipse durant la Révolution. Certains nobles partiront même à la guillotine accompagnés d’un mouchoir imprégné d’essence de lys, comme un dernier clin d’oeil à la royauté…

Nous nous retrouvons dans un mois pour découvrir l’évolution de l’histoire du Parfum et de son utilisation durant le XIXème siècle, une époque marquée par la révolution de la synthèse !

Saviez-vous qu’à la Renaissance le parfum s’utilisait pour masquer les mauvaises odeurs ?




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