La lavande, parfum de Provence…

Le parfum de la lavande séduit les nez depuis la nuit des temps. On retrouve l'huile essentielle de lavande dans notre parfum alfred kafé.

Depuis la nuit des temps, la lavande est autant appréciée pour son parfum délicat que pour ses vertus médicinales. Alors que son utilisation remonte à l’Antiquité, cette plante aromatique évoque à chacun d’entre nous des souvenirs d’enfance. En fermant les yeux, elle nous transporte dans des champs d’un mauve flamboyant, en plein cœur de la Provence. Aujourd’hui encore, la lavande est un ingrédient phare des produits de beauté. Des petits sachets dans les armoires de nos grands-mères aux fragrances fraîches et apaisantes, re-découvrons tous les mystères de cette plante exceptionnelle.

Une plante aromatique vieille comme le monde

Comme un parfum de linge frais

La lavande nous vient du mot latin lavare qui signifie laver mais aussi lavandaria que l’on peut traduire par linge à laver. Très tôt donc, la lavande s’associe à la notion de propreté et de pureté. C’est l’image que cette plante aromatique conserve encore aujourd’hui. D’ailleurs, pendant longtemps, les femmes qui nettoyaient le linge dans les lavoirs publics étaient appelées les lavandières.

La lavande trouve ses origines dans les terres arides de l’Ouest du bassin méditerranéen. Les Romains, fraîchement débarqués en Provence, ne tardèrent pas à tomber sous le charme de cette plante au parfum délicat et aux mille vertus. Très préoccupés par l’hygiène, ils se servaient de la lavande comme parfum. Elle était ajoutée à l’eau du bain, dans le linge pour le laver et lui donner une odeur fraîche. On la retrouvait également dans les armoires pour éloigner les mites. Il paraît même que les Romaines mastiquaient des brins de lavande pour rafraîchir leur haleine après quelques verres de vin…

La lavande pour soigner

En Europe, à partir du Moyen-Âge, la lavande est cultivée dans les jardins des monastères et des herboristes. Elle entre dans la composition de nombreuses eaux de senteurs et est employée pour ses vertus cicatrisantes, antiseptiques et antivenimeuses. Alors que le sens commun veut que la maladie se propage par les mauvaises odeurs, la lavande éradique les épidémies en parfumant. Largement adoptée lorsque la peste noire a décimé un quart de la population européenne, la lavande s’utilisait sous toutes les formes : fumigations, emplâtres ou aspersions.

Le vinaigre des 4 voleurs

Elle faisait également partie des ingrédients phares du célèbre vinaigre des 4 voleurs. Il s’agit d’une composition créée par quatre brigands au XVIIème siècle. Alors ravagée par la peste, les habitants de la ville de Toulouse voient quatre voleurs piller les maisons contaminées. Toutefois, les voleurs n’étaient pas atteints par la maladie. Finalement arrêtés puis condamnés à la peine capitale, on proposa un accord aux bandits. Ils devaient donner les ingrédients du mystérieux liquide dont ils s’enduisaient pour se protéger en échange de leurs vies sauves. C’est ainsi que la recette magique fut dévoilée. Le vinaigre des 4 voleurs contenait de la lavande, du thym, du romarin ou encore de la sauge. Ces aromates étaient macérés dans du vinaigre avec pour indication de s’en frotter tout le corps. Malgré leurs confessions, les voleurs ne furent pas épargnés mais un nouveau remède apparaissait.

Cette formule a même été brevetée au XIXème siècle par Antoine Maille, un célèbre vinaigrier-distillateur. Le vinaigre des 4 voleurs entra directement dans le commerce des médicaments. Il était recommandé de s’en frotter les tempes et d’en boire une cuillerée à jeun lorsqu’il fallait s’approcher de personnes malades. Peu à peu ce remède miracle devint un véritable produit d’épicerie. D’autres aromates comme l’ail ou la menthe s’ajoutèrent à sa composition.

Un parfum venu de Provence

À partir de la Renaissance, la lavande est toujours plébiscitée pour ses nombreuses vertus thérapeutiques… Mais elle devient aussi un produit à part entière de la parfumerie ! Présente en quantité abondante, on utilise cette plante dans la ville provençale de Grasse. Les tanneurs qui y sont installés s’en servent d’ailleurs pour parfumer certains accessoires comme les gants. La création de la corporation des Gantiers-Parfumeurs en 1759 fit basculer le commerce des peaux vers celui de la parfumerie. La demande de lavande devient alors de plus en plus importante. De nombreux paysans s’adonnent à la cueillette sauvage, un nouveau gagne-pain. Dans les compositions parfumées, la lavande s’associe à d’autres végétaux comme le jasmin, la rose, la violette ou encore le mimosa pour embaumer toute l’Europe. C’est au XIXème siècle que l’on commence à cultiver véritablement cette plante sauvage grâce au développement considérable de l’industrie de la parfumerie.

Jusqu’au début du XXème siècle, la lavande connaît ses plus belles heures. C’est ainsi que de nombreuses parfumeries s’implantent dans la région grassoise, qui la transforment en huile essentielle.

La lavande a plus d’un tour dans son sac

Comment ne pas s’attarder sur les vertus légendaires de la lavande ? En effet cette plante aromatique est reconnue depuis l’Antiquité pour ses nombreuses propriétés médicinales, et c’est encore le cas aujourd’hui !

Les premières recherches scientifiques autour de la lavande datent du XVIème siècle à la faculté de médecine de Montpellier. Les chimistes qui s’intéressaient aux différents végétaux cultivés dans le Jardin des Plantes de la faculté ont étudié la lavande sous toutes ses coutures. Ils ont alors découvert que cette plante avait de remarquables propriétés tonifiantes et antiseptiques. Les différents usages médicaux de la lavande se sont ainsi développés dès le XVIIème siècle dans toute l’Europe. Mais pas seulement ! En Inde, la lavande est également utilisée depuis des siècles dans la médecine traditionnelle ayurvédique. On l’utilise pour lutter contre les baisses de moral et pour favoriser le sommeil réparateur.

La lavande a donc fait ses preuves. On l’utilise contre l’anxiété, les maux de têtes, les brûlures, pour purifier la peau, soigner les rhumatismes, éloigner les mites… Bref, en plus de son délicat parfum frais, cette plante aromatique aurait presque des pouvoirs magiques ! Elle reste aujourd’hui encore ancrée dans nos esprits comme un symbole de pureté et de tranquillité, aux adeptes toujours plus nombreux.

Lavande fine, lavandin ou lavande aspic ?

Il existe une multitude de variétés de lavande, mais celles que l’on retrouve le plus couramment en Provence sont la lavande fine, la lavande aspic et le lavandin. Mais sont-elles toutes utilisées de la même façon en parfumerie ?

La lavande fine

La lavande fine, ou lavande vraie, pousse naturellement au cœur de la garrigue provençale entre 800 et 1400 mètres d’altitude. Plus elle pousse haut en altitude, meilleure en sera sa qualité. La lavande fine est une plante de petite taille qui ne possède qu’une seule fleur en forme d’épi de couleur mauve sur chaque tige. On la cultive principalement sur les plateaux de Sault et d’Albion. Elle fleurit de mi-juin à mi-août selon son secteur de production. Très appréciée des parfumeurs pour sa fragrance délicate, il faut 130 kilos de fleurs pour produire 1 litre de son huile essentielle. Un hectare de plantation pourra permettre de fabriquer jusqu’à 25 litres d’huile essentielles les meilleures années. Son parfum est aromatique, herbacé voire camphré, ce qui lui accorde une note chaude et enveloppante.

La lavande aspic

La lavande aspic doit son nom à son habitat naturel qu’elle partage avec la vipère aspic, dont elle permet de guérir la morsure. Sa structure est plus grande que la lavande fine et peut pousser jusqu’à 80 cm de haut. Ses fleurs de couleur bleu-violacé dégagent un parfum camphré puissant, avec une nuance eucalyptol. Sa floraison et sa cueillette sont plus tardives et elle pousse sur des terrains calcaires secs entre 200 et 500 mètres d’altitude. Son huile essentielle est moins réputée que celle de la lavande fine car son odeur est moins agréable. Très peu utilisée en parfumerie, cette variété de lavande est plus intéressante pour ses vertus thérapeutiques.

Le lavandin

Le lavandin est un hybride de la lavande, c’est-à-dire qu’il est le fruit du croisement entre la lavande vraie et l’aspic. Il pousse entre 0 et 800 mètres d’altitude et on le retrouve facilement au bord des routes ou dans les jardins des maisons provençales. Son parfum est plus fort que celui de la lavande fine et son odeur est beaucoup plus aromatique. Ce lavandin a des fleurs très fournies et offre ainsi un rendement plus intéressant que les deux autres variétés. Cet hybride arrive en Provence dans les années 50. Grâce à ce croisement, 40 kilos de fleurs suffisent pour produire 1 litre d’huile essentielle. Moins qualitatif que la lavande vraie, il s’utilise principalement pour parfumer les produits de la vie courante à base de lavande.

Les différentes variétés de lavande que l’on distille pour produire de l’huile essentielle.

Des champs de lavande dans vos flacons

Culture et récolte

La culture de la lavande s’est largement professionnalisée depuis le XIXème avec le développement de la parfumerie. La lavande vraie se cultive en France (en Provence bien sûr), mais également en Espagne, en Italie ou en Russie. La Bulgarie deviendra aussi l’un des producteurs de lavande les plus importants suite à la perte d’une grosse partie de la culture française, touchée par le phytoplasme de Stolbur entre 2005 et 2010. Aujourd’hui la Bulgarie produit environ 60 tonnes de lavande par an.

La récolte de la lavande vraie a lieu entre la mi-juin jusqu’à mi-août. Lorsque les températures grimpent, la chaleur fait remonter le contenu de l’huile essentielle dans la fleur de lavande. Les brins sont cueillis juste avant la floraison car c’est le moment où le parfum est le plus intense. Autrefois, la lavande se récoltait à la faucille et les cueilleurs officiaient dans les champs avec un grand sac en toile porté en bandoulière : la « saquette ». Lorsque les saquettes étaient remplies de brins de lavande, elles étaient vidées au bord des champs pour laisser les fleurs sécher au soleil. Ce travail harassant, sous un soleil de plomb, s’effectuait par des cueilleurs, souvent employés depuis leur plus jeune âge. Ils vadrouillaient de village en village débutant la coupe dans les secteurs de basse altitude où la floraison est plus précoce pour terminer dans les montagnes de la Drôme près du Mont Ventoux.

Depuis les années 60, la récolte se fait mécaniquement grâce à des coupeuses qui relèvent la fleur, la guident vers un savant système de coupe pour finir par la lier en gerbe. Une fois les gerbes constituées, on les dispose sur les plantes pour les sécher avant la distillation.

Distillation

Il est maintenant temps de distiller les gerbes de lavande pour en extraire la précieuse huile essentielle. À l’origine, chaque propriété possédait son propre alambic en cuivre de petite contenance, et la lavande se distillait au bout du champ, à proximité d’un point d’eau. Aujourd’hui il existe plusieurs procédés de distillation.

La première méthode est la distillation à la vapeur qui nécessite un séchage préalable d’environ deux jours pour retirer l’eau de la plante. Ensuite, les fleurs et les tiges sont disposées dans une cuve, appelée aussi vase. Elles sont soigneusement tassées pour que la vapeur d’eau, qui va ensuite les traverser, ne trouve pas de chemin libre et s’imprègne totalement des huiles essentielles de la plante. Ce mélange de vapeur d’eau et d’essence refroidit dans un serpentin où il redevient liquide. Après décantation, l’eau et l’essence se séparent et on extrait ainsi l’huile essentielle parfumée. La distillation à la vapeur est une méthode traditionnelle encore largement utilisée aujourd’hui.

Pour produire de l’essence de lavande, on peut également procéder à une distillation en vert. Appliquée depuis les années 90, cette méthode s’utilise pour augmenter la productivité et le rendement puisque la distillation de la fleur de lavande se fait immédiatement après sa cueillette. Les fleurs sont coupées et broyées, pour ensuite être distillées tout de suite, sans passer par la case séchage.

Il est également possible d’obtenir de l’absolue de lavande grâce à la technique de fabrication de l’extraction aux solvants volatils.

Lavande et parfum : une histoire riche en senteurs

Naissance d’une famille olfactive

La lavande apparaît pour la première fois dans un grand parfum en 1892, le désormais iconique Fougère Royale d’Houbigant. Ce parfum, considéré alors comme une petite révolution dans le monde des senteurs, ouvrira la voie à nouvelle famille olfactive, celle des fougères. Rien à voir avec la plante qui ne dégage d’ailleurs pas réellement d’odeur. La structure olfactive des fougères met donc en avant une note de tête lavandée, un cœur plutôt floral et un fond mousse de chêne et coumarine.

La lavande, parfum pour homme

Les parfums de cette famille olfactive s’adressent historiquement aux hommes, preuve en est du célèbre Pour un homme de Caron en 1934 qui associe ingénieusement le parfum de la lavande avec la vanille. La maison anglaise Yardley travaille elle aussi la lavande dans sa création Old English Lavender en 1913. Ces parfums très typés lavande, que l’on appelle également soliflore lavande, ont conquis de nombreux adeptes. Avec ces eaux de toilettes à la fois fraîches et aromatiques, c’est la première fois que les hommes s’attribuent réellement des notes parfumées. Et les parfums fougères leur colleront à la peau pendant de nombreuses années, associant la lavande, présente à plus de 50% dans ces créations, à l’image du mâle. Aujourd’hui, la lavande est un ingrédient qui se retrouve dans d’autres accords, comme avec les chypres aromatiques où son essence sublime le thym ou la coriandre.

Mais surtout, la lavande a franchi les frontières du genre pour aller fleurir dans des compositions plus féminines, même si vous le savez, nous prônons la subjectivité concernant le sexe des parfums !

Lavande et café, une association Carrément osée ?

La lavande a toujours inspiré les parfumeurs par son parfum à la fois délicat et puissant. Et chez Carrément Belle nous avons très vite succombé aux charmes de cette plante aromatique. Elle est l’une des têtes d’affiche de notre parfum alfred kafé, aux côtés d’un puissant arôme de café. Le café revigorant s’arrose alors d’une lavande légère, fraîche et apaisante en cœur pour créer une note douce et verte. L’huile essentielle de lavande nous transporte vers un champ côtelé de nuances bleues et mauves, le temps de se délecter d’un café d’avant-sieste à l’ombre d’un cèdre…

À l’origine destiné aux Carrément Beaux, nous avons récemment constaté qu’alfred kafé a aussi su conquérir le coeur de femmes en quête de fragrances masculines. Encore une fois, le parfum de la lavande joue son rôle à merveille et titille notre nez et notre imaginaire !

Connaissiez-vous l’histoire de la lavande et à quel souvenir son odeur vous renvoie-t-elle ? À quels ingrédients aimeriez-vous la voir sentir associée ?


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