Après l’oud et le santal, nous poursuivons notre découverte des écorces chères à la parfumerie. Cette fois, notre périple parfumé nous entraîne au cœur de l’Amazonie, à la découverte d’une essence précieuse, celle du bois de rose. Avec ses effluves subtils et fleuris cet arbre mystérieux dévoile un parfum vraiment pas comme les autres. De la surexploitation à la protection, découvrez le parcours inattendu de cette huile essentielle mystérieuse.
Sur les traces du bois de rose
Les origines
Le bois de rose est un terme générique qui est utilisé pour désigner différentes essences de bois, autant plébiscitées en parfumerie qu’en ébénisterie. Le bois de rose est ainsi connu en botanique sous différents noms latins, selon la région de sa provenance. Décliné sous diverses appellations, on le retrouve sur l’île de Madagascar, en Birmanie ou encore en Inde orientale. Mais c’est du Brésil et de la Guyane qu’il tire son origine. En effet, cet arbre parfumé se plait à grandir dans les forêts tropicales au climat chaud et humide. De la famille des Lauracées, le bois de rose produit des petites fleurs jaunâtres qui ne sont pas vraiment odorantes. Son nom coloré lui vient de son écorce, reconnaissable par ses veinules rosées et le parfum unique et floral qu’elle dégage.
De la découverte à la régulation
C’est en 1925 que le bois de rose est découvert par des botanistes dans la région de Juriti Velho, en plein cœur de la forêt amazonienne. Les spécialistes s’attardent sur cet arbre particulier à l’odeur peu conventionnelle, dont l’essence est utilisée depuis la nuit des temps dans la pharmacopée des Indiens qui vivent à proximité. En étudiant l’huile essentielle extraite du bois, les scientifiques se rendent compte qu’elle contient une quantité importante de linalol, une substance parfumée proche de la lavande.
Alors qu’en France, la démocratisation du parfum moderne s’amorce, la découverte de cette essence crée une nouvelle demande. Pour approvisionner Grasse, le bassin amazonien entreprend une exploitation exponentielle du bois de rose. Durant les années 60, on abat plus de 50 000 tonnes de bois pour produire entre 300 et 400 tonnes d’huile essentielle par an. Menacé de disparition, la culture du bois de rose connait de nombreux scandales et Madagascar en interdit même son exportation. Depuis quelques décennies, le Brésil protège aussi cette richesse parfumée, dont il est devenu l’un des principaux producteurs.
Une essence riche en vertus
Le bois de rose est autant prisé pour son parfum délicat, que pour son bois solide, mais également pour ses vertus thérapeutiques. En aromathérapie, l’huile essentielle de bois de rose est une alliée puissante de la peau. Adoucissante et raffermissante, elle apporte de l’éclat à l’épiderme. Il s’agit donc d’un excellent anti-âge naturel ! Grâce à la présence du linalol dans sa composition, cette essence possède également des propriétés antivirales et anti-infectieuses. Son parfum doux et subtil serait également indiqué pour calmer le stress et l’anxiété.
L’utilisation du bois de rose en parfumerie
L’extraction de l’huile essentielle
En parfumerie, on intègre l’essence extraite du bois dans les compositions des fragrances. Pour ce faire, il faut attendre que l’arbre atteigne une certaine hauteur afin d’en débiter des copeaux. Ceux-ci sont ensuite plongés dans de l’eau chaude pendant un certain temps pour les faire macérer. Après cette étape indispensable on utilise la technique de l’hydrostillation, c’est-à-dire que les morceaux de bois sont distillés à la vapeur d’eau pour délivrer une huile essentielle. Si cet arbre se reproduit difficilement dans la nature, son écorce a quant à elle a un rendement plutôt intéressant car pour obtenir 1 kg d’essence, il est nécessaire d’utiliser 100kg de bois.
Quel est le parfum du bois de rose ?
Si elle autant appréciée des parfumeurs, c’est que l’essence de bois de rose se distingue par un profil olfactif d’une grande finesse, aux multiples facettes. Sa senteur est douce avec un côté rafraîchissant. Influencée par la présence importante du linalol, cette essence dévoile des tonalités hespéridées et aromatiques qui évoquent des agrumes comme le citron et le pamplemousse, mais également le petitgrain. Cette fraîcheur s’habille aussi de nuances florales, qui rappellent la délicatesse de la rose avec des sous tons plus épicés et poivrés. Mais le bois de rose n’a pas encore dit son dernier mot ! En effet, son parfum dégage aussi des notes boisées aux accents de cèdre. Dans une fragrance, cette matière première va évoluer au fil du temps, dévoilant un aspect assez humide avec un côté presque minéral. Les nez l’utilisent notamment pour apporter de la douceur mais aussi de la naturalité aux formules.
Quand la synthèse nous vient en aide
Depuis la régulation de son exploitation et la protection de son espèce, le bois de rose est devenu très rare. Aujourd’hui, seule une petite production de vrai de bois rose subsiste au Brésil, en respectant des règles très strictes. Sous le couvert de diverses associations, de vastes campagnes de replantations sont amorcées en Amazonie et en Guyane. Cette essence si précieuse représente donc une matière première très onéreuse, réservée quasi exclusivement à la parfumerie de luxe. Néanmoins, grâce à la chimie de synthèse, les parfumeurs peuvent également reproduire cette odeur délicate en laboratoire pour la faire connaitre et sentir à tous ! Pour cela, ils utilisent généralement du linalol naturel mélangé avec d’autres matières premières pour recréer cette senteur douce et subtile.
À la fois floral et boisé, connaissiez-vous le parfum du bois de rose ?
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