Star des notes épicées, l’utilisation du clou de girofle en parfumerie remonte à plusieurs décennies. Son essence puissante et camphrée apporte du relief et de la profondeur aux compositions et nous rappelle l’odeur du cabinet du dentiste. Découvrons l’histoire de ces petits boutons aux multiples pouvoirs !
Le voyage parfumé du giroflier
Un arbre aux grands pouvoirs
Le giroflier ou girofle, est un arbre tropical originaire des Îles Moluques, un archipel paradisiaque situé au large de l’Indonésie. De la famille de Myrtacées (tout comme la myrte ou l’eucalyptus), cet arbre peut atteindre 15 à 20 mètres de hauteur. Il est désormais cultivé à Madagascar, à Zanzibar et aux Philippines. Son feuillage vert intense est très coriace et produit des petits boutons floraux en forme de clou, de septembre à mars. Lorsque les fleurs s’épanouissent, elles dévoilent une petite cloche rouge qui produira ensuite un fruit, à la forme de baie allongée rougeâtre. La cueillette s’effectue à la main alors que les boutons des fleurs sont encore fermés et qu’ils commencent à rougir.
Ces bourgeons sont ensuite mis à sécher au soleil pendant plusieurs jours pour qu’ils prennent leur couleur brune caractéristique. C’est sous cette forme que nous connaissons tous ou presque cette épice qui parfume nos cuisines… Mais également nos peaux !
L’histoire du clou de girofle
L’utilisation du clou de girofle est très ancienne. Lors de fouilles récentes, des chercheurs ont pu identifier des traces de girofle à Terqa en Syrie, qui pourraient remonter à 1700 av. JC. Plébiscité par la médecine ayurvédique indienne, le girofle est également présent dans la dynastie chinoise des Han. Leurs empereurs mâchaient des clous de girofle pour se rafraîchir l’haleine. Les civilisations grecques et romaines ne tardèrent pas à s’emparer de cette épice miraculeuse. Dans les écrits de Pline l’Ancien on retrouve d’ailleurs la recette d’un vin chaud préparé à base de girofle… Pour aider les amants en panne de vigueur, lors des orgies et autres joyeusetés du genre !
Le caractère aromatique et aphrodisiaque du petit bourgeon traverse les époques jusqu’au Moyen Âge. Les plus riches l’utilisent en cuisine pour camoufler le parfum quelque peu faisandé des viandes ou comme philtre d’amour. L’épice fait l’objet d’un commerce florissant tantôt monopolisé par les arabes, les portugais et les hollandais. C’est finalement le français Pierre Poivre, le bien-nommé, qui introduira les girofliers sur l’Île Maurice, puis en Guyane et à Madagascar. Aujourd’hui encore, le clou de girofle est une épice très utilisée dans le monde entier, pour ses arômes, pour ses propriétés médicinales mais également pour son parfum.
L’utilisation du clou de girofle en parfumerie
De l’extraction jusqu’à l’eugénol
Largement présente depuis de nombreuses années maintenant dans la composition des fragrances, l’essence de girofle s’obtient par la distillation à la vapeur d’eau des boutons séchés. Il est également possible d’extraire les feuilles du giroflier de la même façon. Ce procédé permet de délivrer une huile essentielle tout aussi intense et parfumée. Si le girofle en parfumerie est si connu, c’est aussi parce qu’il contient de l’eugénol à plus de 85%. Ce composé aromatique, présent naturellement dans le giroflier, est largement utilisé en cosmétique comme aromatisant. En parfumerie, il sert également à reproduire de façon synthétique la vanilline, une molécule odorante présente à l’état naturel dans la gousse de vanille. Mais on retrouve aussi l’eugénol dans le domaine de la dentisterie, puisque la molécule regorge aussi de propriétés analgésiques et antiseptiques. C’est pourquoi le parfum du girofle nous rappelle souvent « l’odeur du dentiste ».
Le profil olfactif du girofle
L’essence de girofle (des clous ou de ses feuilles) dévoile une odeur très montante, qui va s’intensifier au fil de la pyramide olfactive. Il s’agit d’un parfum de caractère qui est assez puissant, tout est restant subtil. En effet, cette huile essentielle diffuse des notes épicées, chaleureuses et camphrées avec un aspect médicinal. Le girofle nous fait penser aux arômes réconfortants du pain d’épices, à la saveur suave du vin chaud ou encore à la douceur d’une pomme d’amour. Mais on décèle également parmi ses nuances des sous-tons floraux qui évoquent l’œillet. Des tonalités ambrées le rendent également très sensuel, voire carrément aphrodisiaque si l’on en croit les vieilles légendes !
Les associations du clou de girofle en parfumerie
Avec sa puissance aromatique, le girofle doit se manier avec précaution pour éviter de pousser trop loin l’aspect « produit d’hygiène bucco-dentaire ». En le dosant avec parcimonie et équilibre, le parfumeur l’associe généralement avec des notes florales où il se révèle en douceur. Il se marie aussi parfaitement avec des accords boisés et des nuances fruitées pour leur apporter de la profondeur et du caractère. Son côté mystérieux le rend très présent dans les parfums orientaux, et plus timidement dans les fragrances gourmandes dans lesquelles il « twiste » le côté trop sucré.
Carrément Belle & le girofle
La chaleur du giroflier avec kilim
Les notes épicées et chaleureuses de kilim diffusent un parfum d’Orient sur votre peau. Au cœur de cette fragrance mystérieuse et envoûtante se cache un véritable voyage olfactif qui vous entrainera sur des dunes ardentes en plein cœur du désert. Vous y sentirez de l’essence de feuilles de girofle provenant d’Indonésie, à l’odeur délicatement camphrée, chaude et presque médicinale. Cet ingrédient épicé vous transportera directement devant les étals colorés d’un marché oriental, entre fleurs, fruits et bois odorants.
Connaissiez-vous l’utilisation du girofle en parfumerie ? Appréciez-vous cette odeur subtile et puissante à la fois ?
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