Les origines du Parfum remontent à la nuit des temps. L’attar est l’une des premières formes de fragrance qui a vu le jour il y a des millénaires. Ce véritable témoin de l’histoire de la parfumerie d’hier jusqu’à aujourd’hui révèle une tradition ancestrale pleine de mystères. Créé en Inde, découvrez les origines de ce parfum sans alcool, toujours très populaire au Moyen-Orient.
Un parfum historique
Qu’est-ce que l’attar, ce parfum huileux ?
L’attar est un parfum huileux, donc sans alcool, qui tire son origine d’Inde et du Moyen-Orient. D’étymologie arabe, le terme attar (on écrit également atr, ittar ou othr) pourrait se traduire par « senteur ». Ce mot serait lui-même un dérivé de sugandha, un terme sanscrit qui signifie « aromatique ». Le Parfum est né il y a des milliers d’années, lorsque les premières civilisations ont broyé puis fait infuser des végétaux, des plantes et des écorces de bois notamment, dans de l’eau ou de l’huile.
Grâce à de nombreuses découvertes, le parfum s’est petit à petit tourné vers l’utilisation de l’alcool. Cette matière sert de solvant, pour « entraîner » les molécules olfactives. La fabrication de l’attar ne requiert pas d’alcool. Il est en effet créé traditionnellement avec de l’huile végétale, généralement de l’huile de bois de santal. L’attar est donc un parfum très onctueux et souvent très persistant. Une seule goutte suffit pour vous embaumer pendant plusieurs jours.
Un procédé de fabrication millénaire
La méthode de fabrication de l’attar, appelée degh-bhapka en hindou, n’a quasiment pas évolué depuis ses débuts. Ce procédé artisanal utilise des alambics en cuivre que les maîtres parfumeurs chauffent au bois et à la bouse de vache ! Les pétales de fleurs (rose, tubéreuse, jasmin…), les épices ou les copeaux de bois, sont versés dans le deg, le nom de l’alambic, puis recouverts d’eau. Une fois la cuve fermée, les artisans l’enduisent de coton et d’argile sur les bords. Cela permet de créer une sorte de joint, qui va durcir et devenir bien hermétique. L’eau est ensuite portée à ébullition. Grâce à une tige en bambou, la vapeur chargée d’odeur se dépose dans une autre cuve en cuivre, appelée bhapka. Celle-ci contient l’huile de bois de santal. C’est cette huile qui va « absorber » la vapeur saturée de molécules odoriférantes.
Ce procédé peut prendre une dizaine d’heures et est souvent répété durant plusieurs jours avec des végétaux frais pour atteindre la concentration attendue. L’attar est ensuite mis dans des bouteilles en peau de chameau pendant quelques jours voire quelques semaines, afin d’évacuer toute l’humidité. La formule exacte de chaque attar est gardée secrète et se transmet de génération en génération.
Les utilisations de l’attar
Vous l’aurez compris, l’attar est un produit parfumé de choix. Il est autant plébiscité par les hommes que par les femmes au Moyen-Orient, qui en déposent une goutte derrière l’oreille. Tous comme les parfums alcooliques, les attars peuvent dégager toutes sortes de notes. Il existe ainsi des formules chaudes et épicées, fabriquées à partir de safran, d’oud ou encore de clous de girofle… Mais également des attars beaucoup plus frais grâce au jasmin, au cypriol ou au vétiver par exemple.
S’il est toujours ou presque synonyme de plaisir olfactif, l’attar fut longtemps employé lors de rituels religieux pour exprimer la dévotion aux divinités. Signe de richesse, les aristocrates indiens faisaient même parfumer leurs voilages et le linge de lit avec de l’attar de vétiver pour les imprégner d’une sensation de fraîcheur lorsque les nuits étaient trop chaudes. Les attars ont également été utilisés à des fins thérapeutiques, comme en témoignent les écrits d’Avicenne, grand philosophe et médecin perse du Xème siècle.
Les origines de l’attar
Lorsque l’on s’intéresse à l’origine des fragrances, la civilisation égyptienne fait figure de précurseur dans la fabrication de parfums à partir de végétaux. Toutefois, l’Inde entretient elle aussi des liens très étroits avec cet univers olfactif depuis des temps très reculés. En effet, des fouilles archéologiques réalisées dans la vallée de l’Indus, ont mis en évidence des alambics très rudimentaires qui dateraient d’une époque bien lointaine.
Toutefois, il faut attendre le 16ème siècle pour que l’Inde devienne le berceau de la fabrication de l’attar. C’est sous l’empire Moghol que l’attar se répand. Akbar, empereur descendant de Gengis Khan, instaure une culture basée sur le raffinement et les plaisirs. Il fonde même un ministère en charge de développer des parfums pour le corps et pour l’aromatisation des plats. L’empereur s’applique alors des quantités astronomiques d’attar d’oud sur le corps, et fait enduire les portes et les meubles de son palais de ces précieuses compositions. On dit même que les courtisanes et les reines ne quittaient jamais leurs attars de rose, accrochés autour de leur cou dans des petites fioles. Face à une demande croissante, la production s’installe et se développe dans la ville de Kannauj, dans la région de l’Uttar Pradesh.
L’attar à l’heure de la parfumerie moderne
S’il est peu connu en Occident, l’attar est très utilisé en Orient, notamment par les musulmans en raison de l’absence d’alcool dans sa formule. Depuis l’époque de l’empire Moghol, l’attar est devenu la forme de parfum la plus développée en Inde et au Moyen-Orient. Néanmoins, depuis l’arrivée des colons britanniques en Inde, la demande a diminué progressivement. De nombreux indiens se sont tournés vers des parfums importés d’Occident, délaissant petit à petit ce type de fragrance. Par ailleurs, l’attar traditionnel évolue aussi à cause de la raréfaction et du prix très onéreux du santal. L’huile de santal est ainsi souvent remplacée par des substituts tels que la paraffine liquide.
Encore aujourd’hui, la fabrication d’attar véritable a toujours lieu à Kannauj, dans les distilleries familiales qui n’ont presque pas évolué depuis 400 ans. Toutefois, il séduit moins la nouvelle génération en quête de parfum venue d’Europe et plus particulièrement de France. En Occident justement, l’attar de luxe commence à séduire une clientèle de niche qui recherche un certain art de vivre à l’oriental.
Connaissiez-vous l’attar ?
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