L’Eau de Cologne est aujourd’hui un incontournable de la parfumerie. Elle rappelle à certains des souvenirs parfumés et des flacons d’apothicaire qui trônaient dans la salle de bain des grands-parents… L’Eau de Cologne c’est aussi et surtout un parfum d’agrumes qui évoque un plaisir rafraîchissant et stimulant. Une fragrance légère d’été qui se porte facilement autant par les hommes que par les femmes. Nous vous proposons un voyage dans le temps qui retrace l’histoire de l’Eau de Cologne, de ses origines à son succès mondial.
L’eau de Cologne, une histoire vieille de 300 ans
L’Eau de Cologne est à l’origine ce que l’on appelait une « eau admirable » ou Aqua Mirabilis. Il s’agissait d’une solution alcoolique parfumée, produite dès le Moyen-Âge par de nombreux monastères italiens, à laquelle on attribuait des vertus thérapeutiques. Ces eaux étaient obtenues par le mélange entre de l’alcool et des essences de plantes.
L’origine de la véritable Eau de Cologne reste à ce jour assez floue. Selon les récits, la recette de l’une de ces Aqua Mirabilis finit par s’échapper des portes d’un monastère. Un épicier italien du nom de Giovanni Pablo Feminis s’en emparait avant de s’installer à Cologne en Allemagne, en 1690. Feminis aurait ensuite transmis cette recette à son arrière petit-neveu parfumeur, Giovanni Maria Farina (Jean-Marie Farina).
Séduit par cette solution fraîche et légère, Farina apporta quelques modifications à la formulation originale, notamment en y ajoutant des essences aromatiques de lavande et de bergamote. Sûr du succès de cette fragrance, il décide de créer une manufacture à Cologne pour fabriquer et commercialiser sa création. Son Aqua Mirabilis di Colonia voit le jour en 1709.
Quelques mois avant la vente de sa première eau, Jean-Marie Farina écrit une lettre à son frère où il décrit sa nouvelle création : « Mon parfum fait penser à une belle matinée printanière après la pluie. C’est une composition d’oranges, citrons, pamplemousse, bergamote, de fleurs et fruits de mon pays natal (…) Il me rafraîchit tout en stimulant mes sens et mon imagination ».
Un parfum d’un nouveau genre
Léger, translucide et à contre-courant des parfums capiteux de l’époque qui servaient à la toilette sèche, un parfum d’un nouveau genre est né. Effectivement, aux XVIème et XVIIème siècles, la propreté n’est souvent qu’apparente. La toilette consiste à se frictionner et s’essuyer avec une étoffe. À cette époque, tout est parfumé : la peau bien sûr, mais aussi les vêtements, les gants, les poudres et même le tabac. Les maisons sont envahies d’odeurs lourdes et capiteuses, utilisées alors en « cache-misère ».
Les origines de l’Eau de Cologne
À partir du XVIIIème siècle, on assiste au retour des ablutions. Les bains sont recommandés par les médecins et la toilette devient un rituel plaisant. Les parfums entêtants sont délaissés et tout le monde cherche à se procurer la fameuse Eau Admirable de Cologne. Jean-Marie Farina (dont le prénom s’est francisé pour attirer une clientèle de nobles) livre son parfum dans toute l’Europe. Cette fragrance devient tout naturellement l’Eau de Cologne, en hommage à sa ville d’adoption. Pendant près de deux siècles, sa fragrance inonde les peaux et les mouchoirs de toute la bonne société.
À Paris en 1806, le petit-fils Farina fonde la Maison Jean-Marie Farina, au 331 rue Faubourg Saint-Honoré. Elle est reprise soixante ans plus tard par Armand Roger et Charles Gallet. La formule originelle de cette eau admirable leur est cédée et est toujours commercialisée. Elle s’appelle aujourd’hui Eau de Cologne Extra-Vieille.
Les vertus de l’Eau de Cologne
Face à un succès considérable et en l’absence de toute réglementation, de nombreuses eaux de Cologne font leur apparition sous le nom de Farina à la fin des années 1700. Elles n’avaient pourtant rien en commun avec l’entreprise d’origine. Pour se distinguer dans un marché désormais saturé, ces eaux se parent toutes de vertus plus incroyables les unes que les autres. L’Eau de Cologne acquiert alors une très bonne réputation médicale. Les médecins d’antan encourageaient les frictions, les ablutions et même d’en mettre dans sa soupe ! Un petit livret était d’ailleurs joint à chaque fiole vendue. Il mentionnait en détail les utilisations possibles et les effets de cette eau. Elle guérirait les maux de tête en inspirant ses effluves quelques minutes et pourrait même freiner le rythme cardiaque des personnes âgées qui en avaleraient plusieurs gouttes.
Médicament olfactif
Pour se protéger des maladies, Napoléon croquait quant à lui des « canards Farina » : des morceaux de sucre imbibés d’Eau de Cologne. L’eau de la Reine de Hongrie est une variation à base de romarin. Selon la légende, elle aurait permis à la souveraine de retrouver jeunesse et beauté, et d’être demandée en mariage par le roi de Pologne… à plus de 70 ans.
Pourtant grand consommateur d’Eau de Cologne mais sentant l’escroquerie, Napoléon 1er créé la commission des remèdes secrets en 1810. Elle impose aux parfumeurs apothicaires de divulguer leurs formules pour juger de la véracité de leurs vertus thérapeutiques. Ce décret officialisera la séparation de la pharmacie et de la parfumerie.
La composition de l’Eau de Cologne
Cette eau parfumée était composée dans sa formulation de base d’esprit-de-vin, d’eau de mélisse et d’esprit de romarin, agrémentée d’essence de bergamote, de néroli, de cédrat et de citron.
L’Eau de Cologne est composée essentiellement d’alcool, qui doit donc être de très bonne qualité. Mais le cœur de cette eau parfumée vient des huiles essentielles provenant des hespérides. À cette base d’alcool s’ajoute donc bergamote, citron, orange, néroli, petit grain, parfois quelques aromates, et fleur d’oranger. Une construction olfactive qui n’est pas faite pour durer sur la peau puisque ces huiles essentielles sont extrêmement volatiles. On identifie des notes de têtes « calmantes » comme la fleur d’oranger ou la lavande et des notes de fond aux essences distillées.
Une success story
Face à une demande toujours plus importante, les parfumeurs de l’époque se mettent à fabriquer leur propre version de l’Eau de Cologne. Ambrée, impériale, à la violette de Toulouse, à la lavande anglaise, l’Eau de Cologne a été revisitée et réinventée de milles façons. Elle s’exporte jusqu’en Amérique avec l’Eau de Floride et même en Asie au XIXème siècle.
À l’aube du XXème siècle, les molécules de synthèse apparaissent. Les matières premières naturelles coûteuses sont peu à peu remplacées. L’Eau de Cologne se démocratise et parfume une majeure partie de la population. À partir des années 30, c’est le produit de parfumerie le plus vendu. Elle parfume toute la famille : hommes, femmes et enfants !
C’est à la fin des années 70 que cette fragrance commence à être délaissée. Les nouvelles générations lui préfèrent des parfums encore plus accessibles et dont la rémanence, la tenue sur la peau, est beaucoup plus longue. Mais depuis le début des années 2000, l’Eau de Cologne fait son grand retour. Elle s’est modernisée et a su retrouver un public dans une société qui privilégie le retour à des senteurs plus simples et rassurantes.
Aujourd’hui, on utilise l’appellation Eau de Cologne pour définir une catégorie de parfums. Ils sont composés principalement d’essences d’agrumes, de néroli, de lavande et de romarin, dosées à environ 5%.
L’Eau de Cologne vous rappelle-t-elle des souvenirs d’enfance ? Préférez-vous les fragrances très légères ou les parfums plus concentrés et intenses ?
Découvrez les fragrances citées dans cet article
Très bel article, simple, facile à lire et enrichissant. Merci.
Merci beaucoup de votre commentaire Laure ! Avez-vous l’habitude d’utiliser de l’eau de Cologne ?